Destruction de Gaza oblige, la Palestine est redevenue un objet éditorial majeur. Le sujet, qui se faisait rare ces dernières années sur les présentoirs des librairies, tout comme il avait disparu de l’agenda diplomatique occidental, suscite depuis un an et demi une production foisonnante. Dans cette cascade de parutions, Le Monde a sélectionné trois ouvrages. S’ils recourent à des outils et à des registres très différents – le premier est une enquête graphique, le deuxième un atlas et le dernier un exposé juridique –, ils partagent deux ambitions identiques : éclairer les causes de l’interminable tragédie du peuple palestinien et sonder la faisabilité de la solution à deux Etats, ce mode de règlement du conflit que les puissances occidentales, en réponse au cauchemar de Gaza, s’efforcent de ressusciter, mais qui n’a jamais paru aussi illusoire.
« Comprendre la Palestine »
L’enquête graphique de l’illustratrice Alizée De Pin et du chercheur Xavier Guignard (Les Arènes, 232 pages, 20 euros) mêle récit historique, dessins et infographies. Innovant et élégant dans sa forme, il revisite la fameuse « question de Palestine », le déni de souveraineté fait à ce peuple depuis près d’un siècle. La fresque peinte par les auteurs commence avec l’accélération, dans les années 1920, de l’immigration sioniste, dont ils soulignent avec justesse la double dimension, à la fois mouvement de renaissance juif et entreprise de colonisation. Et elle s’achève sur le « deal du siècle », proposé par Donald Trump en 2020, dernier avatar en date du principe de partition, qui a servi, selon eux, de paravent à l’« effacement des Palestiniens ».
L’intérêt de cette synthèse tient dans l’expérience de terrain de Xavier Guignard, qui a séjourné plusieurs années à Ramallah et décrypte finement, par exemple, le « non-Etat policier » qu’est devenue l’Autorité palestinienne, entité démunie de pouvoirs régaliens et néanmoins autoritaire. L’autre apport de ce livre réside dans le travail graphique d’Alizée De Pin, qui donne notamment à voir le régime d’apartheid en vigueur en Cisjordanie, constitué d’un dédale d’entraves physiques et bureaucratiques. Pour sauver la solution à deux Etats, le duo appelle à un « changement radical d’approche, qui ne dépendrait pas du bon vouloir israélien ».
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