La reprise des frappes intenses israéliennes sur la bande de Gaza « n’est pas une attaque d’un jour », a prévenu l’Etat hébreu, mardi 18 mars, par la voix de son chef de la diplomatie, Gideon Saar.
« Nous avons frappé des cibles du Hamas et d’autres cibles terroristes à Gaza. (…) Nous continuerons l’opération militaire dans les prochains jours », a-t-il ajouté, alors que l’armée israélienne a mené, dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs attaques dans l’enclave palestinienne d’une ampleur et d’une violence sans précédent depuis l’entrée en vigueur d’un accord de cessez-le-feu le 19 janvier.
Le Hamas « a déjà ressenti notre force ces dernières vingt-quatre heures. Et je veux vous assurer, à vous et à eux : ce n’est que le début », a abondé le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lors d’une allocution télévisée. Il s’adressait notamment aux familles d’otages israéliens retenus à Gaza, qui l’ont accusé de « sacrifier » leurs proches après les dernières frappes.
« Désormais », les négociations sur la libération des otages encore à Gaza « ne se dérouleront que sous le feu », a affirmé le chef du gouvernement israélien, estimant que la pression militaire était « indispensable » pour assurer leur retour.
Le Hamas appelle à faire pression sur Washington
Ces frappes lancées avant l’aube dans la bande de Gaza ont baissé d’intensité en début d’après-midi, d’après des témoins. Au moins 413 Palestiniens ont été tués dans les attaques de mardi, « en majorité des enfants et des femmes, et des centaines blessés », a affirmé le ministère de la santé du Hamas, organisation qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et considérée comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne. Des responsables du mouvement islamiste palestinien et un du Jihad islamique figurent parmi les morts, selon les deux mouvements alliés.
Avant même un ordre israélien d’évacuation de régions du nord de Gaza, des familles palestiniennes ont fui, certains sacs et couvertures empilés sur leurs têtes, d’autres à bord de charrettes tirées par un âne.
Le Hamas a appelé « les pays amis » à « faire pression » sur Washington afin de pousser Israël à mettre fin à ses frappes sur la bande de Gaza. Il a accusé Israël de violer la trêve et de vouloir lui imposer un « accord de reddition ».
Plusieurs Etats arabes et européens ainsi que la Russie, la Turquie et l’Iran ont condamné ces bombardements israéliens. L’Egypte a dénoncé une tactique israélienne pour pousser les Palestiniens à quitter Gaza. L’Iran a condamné un « génocide » et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a qualifié Israël « d’Etat terroriste ». « La population de Gaza vit à nouveau dans une peur abjecte », a déploré, de son côté, un responsable de l’ONU, Tom Fletcher.
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Le gouvernement israélien a souligné que les frappes avaient été menées « en totale coordination » avec les Etats-Unis, son principal allié, pour qui le Hamas a « choisi la guerre » en refusant de libérer les otages.
Crainte d’une reprise de la guerre à grande échelle
Sur les 251 personnes enlevées durant l’attaque sans précédent du Hamas, le 7 octobre 2023 contre Israël, cinquante-huit restent retenues à Gaza dont trente-quatre déclarées mortes par l’armée israélienne. C’est cette attaque qui a déclenché la guerre à Gaza, avant son arrêt en application de l’accord de trêve arraché par les médiateurs – Qatar, Etats-Unis, Egypte.
L’escalade enclenchée mardi par Israël fait craindre une reprise de la guerre à grande échelle dans le territoire palestinien assiégé, où l’Etat hébreu avait lancé une offensive destructrice en riposte à l’attaque du 7-Octobre.
Après quinze mois de guerre entre Israël et le Hamas, la première phase de l’accord de trêve est entrée en vigueur le 19 janvier durant laquelle 33 otages dont huit morts ont été restitués en échange d’environ 1 800 détenus palestiniens. Elle s’est achevée le 1er mars et, depuis, les négociations indirectes font du sur-place, les deux camps s’accusant mutuellement de les bloquer.
Le Hamas veut passer à la deuxième phase de l’accord, qui prévoit un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Gaza, la réouverture des passages pour l’aide et la libération des derniers otages. Israël souhaite, de son côté, une extension de la première phase jusqu’à mi-avril et réclame, pour passer à la deuxième, la « démilitarisation » de Gaza et le départ du Hamas.
« Israël a accepté les propositions de l’émissaire américain Steve Witkoff pour une prolongation du cessez-le-feu, mais le Hamas les a rejetées deux fois », a accusé Gideon Saar, assurant que son pays n’avait « d’autre choix que de reprendre les opérations militaires ».
« La pression militaire ne va pas les ramener, nous le savons d’expérience », a dit, à Tel-Aviv, Yaïr Horn, un ex-otage libéré après l’entrée en vigueur de la trêve.