- Le champion du monde Raphaël Varane met en garde contre le jeu de tête chez les moins de douze ans.
- Lors de sa carrière, cet excellent joueur de tête a subi plusieurs commotions cérébrales.
- Devant la caméra de TF1, il se dit révolté par l’inaction des instances du football.
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Bien dans son sport, bien dans son corps
Il en a fait sa signature. Durant sa carrière, Raphaël Varane donnait volontiers de la tête, en défense comme en attaque. Et il en a payé le prix avec plusieurs commotions cérébrales, heureusement sans conséquences. Prise de conscience, volonté de protéger les enfants, aujourd’hui, l’ancien défenseur de l’équipe de France se dit révolté par l’inaction des instances du football.
« J’ai déjà alerté il y a un peu plus d’un an, et il n’y a rien qui a été fait depuis »
, déplore-t-il dans le reportage du 20H ci-dessus. « Je ne comprends pas en fait pourquoi ça avance si lentement. La mesure la plus simple, c’est d’interdire le jeu de tête. Avant 10 ans, 12 ans pour moi, selon mon expérience, ça serait le mieux »
, estime le champion du monde 2018, passé notamment par le Real Madrid et Manchester United.
« Traumatismes dangereux »
Les enfants filmés à l’entraînement par notre équipe ont 9 ans, et jouent dans un club parisien qui sur ce point fait figure d’avant-gardiste. « On évite les duels de la tête. Si la balle est à mi-hauteur, je peux mettre mon genou, je peux mettre mon pied, mais on évite les ballons en l’air
« , leur explique Robin, l’entraîneur des petits de l’Alésia FC. Ici pas de jeu de tête donc, en tout cas pas avant 14 ans. Malgré quelques frustrations, ces jeunes ont bien intégré la raison de ce choix. « Si on se cogne contre un autre joueur, on peut se faire très mal, on peut aller à l’hôpital »
, estime l’un d’eux. « Parfois, quand je mets une tête, ça retourne le crâne »
, raconte un autre.
Dit avec des mots d’adultes et même de spécialistes, voici ce qui se produit. « Ce cerveau, il va se déplacer d’avant en arrière, il va venir percuter la boîte crânienne soit en avant, soit en arrière, soit les deux. Et même à l’intérieur, il va y avoir des phénomènes de cisaillement »
, décrit le neurologue Anthony Faivre. « Ça peut induire des microtraumatismes dangereux, et a fortiori dans une période qui est particulièrement importante dans leur
développement cérébral
«
, prévient le spécialiste.
Car le cerveau se développe au moins jusqu’à l’âge de 20 ans. À la Fédération française de football, une interdiction n’est toujours pas à l’ordre du jour. « Le rôle de la direction technique nationale, ça va être d’apprendre grâce à des livrets, grâce à des vidéos, aux éducateurs à bien enseigner le jeu de tête »
, affirme Emmanuel Orhant, le directeur médical de la FFF. Un dispositif qui ne sera pas obligatoire, mais « fortement conseillé »
.
En Belgique, la Fédération flamande interdit cette pratique au moins de 9 ans, à l’entraînement comme pendant les matchs. « On arrête le jeu, on pose le ballon à terre, on lui explique pourquoi, et on joue. (…) Et au bout de la troisième ou quatrième tête, si on voit que c’est vraiment quelque chose qui se fait de façon récurrente, alors on donne un avertissement pédagogique »
, explique Jérôme Bruneel, responsable des jeunes du club de Wervik. Il s’agit pour l’instant d’une expérimentation. En Angleterre, les têtes ne sont pas autorisées avant l’âge de 12 ans à l’entraînement, mais elles le sont lors des matchs.