« Un chapeau haut de forme, une valise, un costume d’orchestre que je tiens sur un cintre… Quand je descends sur le quai, à la gare de Nîmes, je suis chargé comme une mule, entouré d’accessoires de scénographie. Nous sommes le 23 août 1981. De la Roumanie, j’ai pris le train jusqu’à Vienne et franchi pour la première fois le rideau de fer. Puis la Provence a défilé devant mes yeux… Le mont Ventoux, Valence, les champs de lavande, le Midi. Je n’arrive pas à croire à toute cette beauté. Je suis à la fois ébloui et déjà nostalgique du pays que je viens de quitter.
Je patiente une heure à la gare, avant qu’un homme aux cheveux frisés débarque en courant sur le quai, ses sandales claquant contre le sol. C’est mon ami Sassi Brahim. “Georges ! Bravo ! Tu es libre !”, hurle-t-il de loin. On prend un taxi pour le centre de Nîmes. En arrivant dans la cité antique, je suis émerveillé par ce que je découvre par la vitre. Un boulevard rempli de monde. Le soleil, l’été ! Les couleurs des rues et des arbres sont extraordinaires. Comme dans Clochemerle [Gabriel Chevallier, 1934]. Je suis ivre de liberté.
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