Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney a été reçu ce mardi à la Maison Blanche par Donald Trump, une rencontre sous haute tension.
Il a assuré que son pays ne serait « jamais à vendre », face à un président américain qui maintient son projet d’annexion et qui lui a rétorqué qu’il ne fallait « jamais dire jamais ».
Sur le volet économique, Donald Trump a refusé de lever ses droits de douane contre son voisin, tout en se disant prêt à un accord commercial.
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Le second mandat de Donald Trump
Le face-à-face promettait d’être tendu, et il n’a pas déjoué les attentes. Le président américain Donald Trump a encore vanté auprès du Premier ministre canadien Mark Carney, qu’il a reçu ce mardi 6 avril à la Maison-Blanche (nouvelle fenêtre), le « merveilleux mariage » que serait une annexion par les États-Unis de leur voisin. Le Canada ne sera « jamais à vendre », lui a répliqué son interlocuteur, sans convaincre le milliardaire républicain.
Pour leur premier face-à-face depuis l’arrivée au pouvoir de Mark Carney en mars, la tension était palpable dans le Bureau ovale derrière les sourires des deux dirigeants. Le Premier ministre canadien, qui a remporté la semaine passée les législatives sur la promesse de faire face au président américain (nouvelle fenêtre), devait éviter de braquer son impulsif interlocuteur pour ne pas compromettre un éventuel accord commercial.
La position des Canadiens « ne va pas changer », tacle Mark Carney
Leur rencontre a débuté sur un ton affable, Donald Trump qualifiant son invité d’homme « très talentueux » et « très bien », critiquant au passage l’ancien Premier ministre Justin Trudeau, pour lequel le milliardaire républicain a une féroce antipathie (nouvelle fenêtre). Le nouveau Premier ministre, au tempérament mesuré et à l’expression prudente, a une personnalité fort différente de celle de l’éruptif président américain, mais aussi de celle, très extravertie, de son prédécesseur.
Le président américain a aussi assuré que la conversation était « très amicale » et « n’allait pas tourner comme cette petite crise avec une autre personne », en référence à l’incroyable altercation qu’il avait eue avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky (nouvelle fenêtre) au même endroit. Mais l’atmosphère s’est rapidement alourdie dans le Bureau ovale, au fur et à mesure qu’il insistait sur une possible annexion du Canada, un projet qu’il martèle depuis des mois (nouvelle fenêtre), déclenchant la colère d’Ottawa.
Le président américain a de nouveau estimé qu’il serait « mieux » pour son voisin de devenir le 51e État américain, car cela constituerait un « mariage merveilleux » (nouvelle fenêtre), promettant des « avantages » aux Canadiens. « Il faut être deux pour danser le tango », a toutefois concédé l’ex-chef d’affaires, qui a malgré tout défendu son projet, en tant « que promoteur immobilier dans l’âme ».
Reporter: Mr. President you had said that Canada should become the 51st state.. Trump: I still believe that but takes two to tango, right? I’m a real estate developer at heart… Carney: As you know from real estate, there are some places that are never for sale. We’re sitting… pic.twitter.com/0CFanczfDS — Acyn (@Acyn) May 6, 2025
Visiblement tendu, Mark Carney a rejeté fermement mais diplomatiquement cette possibilité, estimant que l’expérience du président américain en immobilier lui enseignait justement qu’« il y a des endroits qui ne sont jamais à vendre ». Le Canada n’est « pas à vendre et ne le sera jamais », a-t-il insisté, tandis que son interlocuteur levait les sourcils, l’air peu convaincu. La position des Canadiens à ce sujet « ne va pas changer », a-t-il encore martelé le Premier ministre canadien, les mains nerveusement nouées. « Jamais dire jamais », lui a rétorqué le locataire de la Maison Blanche.
Lors d’une conférence de presse à Washington après la rencontre, qui duré un peu plus de deux heures, il a expliqué avoir demandé à Donald Trump de cesser d’évoquer ce projet. « J’ai dit : ce n’est pas utile de répéter cette idée« , a-t-il lancé devant la presse.
Des discussions « complexes » mais « on a fait des progrès »
Sur le volet commercial ensuite, Donald Trump a affirmé qu’il « adorerait » trouver un nouvel accord commercial avec Ottawa, tout en affirmant qu’il ne voulait pas des voitures ou de l’acier venant de son voisin du nord. Il a répété à ce propos qu’il ne reviendrait pas sur ses décisions concernant les droits de douane (nouvelle fenêtre), après avoir imposé des taxes sur l’acier et l’aluminium canadiens, notamment, et menacé son voisin du Nord de taxes douanières généralisées de 25%. « C’est comme ça », a balayé le président américain. « Le Canada est un pays qui devra être capable de se débrouiller seul sur le plan économique », a-t-il encore estimé. « Il n’y aucune raison pour que nous subventionnions le Canada. »
Le Premier ministre canadien a lui souligné, en réponse aux attaques de Donald Trump sur le déséquilibre commercial, que son pays était déjà le « plus gros client » pour les marchandises américaines. En sortant de la rencontre, il a déclaré à la presse que les négociations commerciales avaient été « très complexes » (nouvelle fenêtre), « mais on a fait des progrès ». Les deux dirigeants ont notamment jugé ce mardi que l’accord de libre-échange (ACEUM) qui les lie, conclu pendant le premier mandat du républicain, pourrait être renégocié.
Plus largement, Mark Carney s’est réjoui de « discussions très constructives ». « Nous sommes tombés d’accord pour poursuivre nos discussions dans les prochaines semaines et avons hâte de nous retrouver en personne lors du sommet du G7 », prévu en juin au Canada, a-t-il ajouté au sortir de la rencontre. Le dirigeant américain a lui assuré qu’il n’y avait eu « aucune tension » lors de la « très bonne » rencontre avec son invité, lors d’une conférence de presse abordant la Coupe du monde de football 2026, que les Etats-Unis organiseront conjointement avec le Canada et le Mexique.