A la prison de Nouméa, près de 600 détenus s’entassent dans les cellules prévues pour en accueillir 400. C’est là, au Camp-Est, dans les bâtiments décrépis hérités du bagne où plus de 90 % des prisonniers sont des Kanak, que survient le tout premier événement majeur de l’insurrection indépendantiste de mai 2024 en Nouvelle-Calédonie.
Tandis que la ville s’embrase, le 13 mai, une violente mutinerie éclate dans l’après-midi derrière les murs. Trois surveillants sont pris en otage. Cette révolte, réprimée par les policiers d’élite du RAID, marque le début de plusieurs jours de crise dans la prison.
Après plusieurs mois d’enquête, Le Monde a pu reconstituer le déroulé des événements, qui ont conduit à la mort de James (un prénom d’emprunt), un jeune condamné kanak du Camp-Est. Selon de multiples témoignages, dont ceux de 13 détenus, ce dernier serait mort des suites de blessures infligées lors de l’intervention des forces de l’ordre. Sous réserve d’autres cas restés dans l’ombre sur le territoire, James est ainsi le quinzième mort des émeutes de 2024, dont le bilan officiel demeure de 14 tués – 11 Kanak, 2 gendarmes et 1 Caldoche.
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