L’AVIS DU « MONDE » – CHEF-D’ŒUVRE
On n’en a pas fini de redécouvrir Shinji Somai (1948-2001), secret bien gardé du cinéma japonais, dont les films longtemps invisibles le sont de moins en moins grâce au distributeur Survivance. Après Déménagement (1993), puis Typhoon Club (1985), dans le sillage de la rétrospective que vient de lui consacrer la Maison de la culture du Japon, à Paris (jusqu’au 7 juin), c’est donc au tour de Jardin d’été, inédit en France, de trouver le chemin des salles. Ce 11e long-métrage (sur 13 en vingt ans d’activité, interrompue par sa mort prématurée à 53 ans) correspond à la dernière phase de son œuvre, la plus solaire et la plus épanouie.
Adapté d’un roman jeunesse de Kazumi Yumoto (Les Amis, L’Ecole des loisirs, 1992), le film met en scène trois écoliers de Kobe qui, à l’approche des grandes vacances, s’interrogent sur la mort, cette grande inconnue, et cherchent à voir un cadavre. Pour cela, ils élaborent un stratagème d’une dureté propre à leur âge. Ils rôdent autour d’une maison délabrée, vestige du quartier enserré entre les immeubles modernes, où vit un vieil ermite clochardisé, Kihachi Denpo (Rentaro Mikuni). Se figurant ses jours comptés, les compères l’observent, le suivent, passent la palissade fissurée et s’invitent dans sa cour, une jungle de broussailles. Expérience cruelle où le vieillard finit par trouver son compte, confiant aux sales gosses les tâches qu’il ne peut plus accomplir : débroussailler, repeindre, retaper, replanter. Un partage naît, en même temps que la demeure reprend vie.
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