« Je ne me souviens pas de la date de mon arrivée en France mais de celle du jour de ma libération. C’était peu de temps après, le 7 juillet 1987. Cette date est gravée dans ma mémoire. Je viens des Philippines et je suis la huitième d’une fratrie de treize enfants. Ma famille ne possède rien. J’ai commencé à travailler à l’âge de 16 ans.
Alors que j’étais caddy dans un golf de Manille, j’ai rencontré un Philippin qui recrutait des bonnes pour Dubaï. C’est comme ça que je suis arrivée là-bas, dans une famille. J’avais 22 ans et j’étais leur esclave. Je faisais tout. Je m’occupais des enfants, des repas, du ménage… Le père était pilote d’avion, je crois. Je n’avais pas le droit de le regarder ni de lui parler. Après le déjeuner, ils m’enfermaient une partie de l’après-midi dans la chambre des enfants. Ils ne me transmettaient pas les courriers de ma famille et je n’avais pas le droit de sortir seule. Ils ont même suspendu pendant trois mois mon salaire.
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