- En 2026, Julien Clerc entamera une tournée pour son dernier album « Une vie », qui évoque le deuil, l’amour, sa famille.
- Avec une certaine mélancolie heureuse, l’artiste revient sur sa jeunesse, la disparition de son frère et la difficulté d’être père, dans un entretien avec Audrey Crespo-Mara dans « Sept à huit ».
Suivez la couverture complète
Sept à huit
À 77 ans, Julien Clerc se montre sans complaisance avec lui-même. « J’ai choisi de me montrer toujours tel que j’étais »
, affirme-t-il d’emblée dans le portrait de « Sept à Huit »
qu’on peut retrouver en tête de cet article. Face à Audrey Crespo-Mara, il évoque ses parents, ses enfants, et son frère disparu tragiquement, il y a tout juste deux ans. La famille semble justement être le fil rouge de son dernier album, « Une vie »
, sorti le 23 mai dernier. Le chanteur de « Femme, je vous aime »
ou encore « Fais-moi une place »,
revient sur le devant de la scène, et prévoit une tournée en 2026.
« Ça s’engueulait autour de la table »
Dans sa grande famille recomposée, il a toujours été « à part »
, estime-t-il. Ses parents ont divorcé tôt, et venaient de deux mondes complètement différents. Il passait les week-ends chez sa mère, où « il y avait la télé, une musique différente, du jazz, de la chanson »
, et la semaine chez son père, dans une famille nombreuse. « Lors des déjeuners à la maison ou des dîners, ça s’engueulait autour de la table. Mon frère était plutôt à gauche, mes sœurs aussi »
, raconte-t-il.
« C’est très agréable quand votre petit frère aime ce que vous faites »
Ce « petit frère »
, c’est le journaliste Gérard Leclerc, disparu le 15 août 2023 dans un accident d’avion, alors qu’il se rendait à La Baule pour assister au concert de Julien. Un lien fusionnel les unissait. Le soir de sa mort, Julien Clerc monte sur scène. « Heureusement que j’avais ce concert. On m’a dit
‘quel courage’, mais pas du tout, au contraire »
, dévoile-t-il. Une chanson lui est dédiée dans son dernier album. Parfois, l’émotion lui tombe dessus sans prévenir. « Je l’ai jouée à un copain (…) et puis j’ai fondu en larmes »
, raconte l’artiste.
Son frère assistait à beaucoup de ses concerts, « il était très fan, il donnait toujours son avis. C’est très agréable quand votre petit frère aime ce que vous faites »
, souligne-t-il. Mais les deux hommes ne se ressemblaient pas, Gérard était plus sociable. « Je me rends compte, depuis qu’il est parti, que tout le monde l’aimait
« , sourit Julien Clerc.
Quand on est un amoureux, on le reste toute sa vie, on a le cœur qui bat à 200 à l’heure à tout moment, à tout âge
Quand on est un amoureux, on le reste toute sa vie, on a le cœur qui bat à 200 à l’heure à tout moment, à tout âge
Julien Clerc
S’il a eu du mal à exprimer ses sentiments pendant de nombreuses années, Julien Clerc estime qu’il a changé. Il s’est d’ailleurs rapproché de sa famille. « Il y a eu une longue période où j’ai été loin de mes frères et sœurs, et depuis plusieurs années, je suis revenu vers eux »
, explique-t-il.
Grâce à sa femme notamment, Hélène Grémillon, scénariste et romancière. Leur rencontre sur le tard, en 2004, prouve, selon le chanteur, qu’il n’y a pas d’âge pour aimer. « Quand on est un amoureux, on le reste toute sa vie, on a le cœur qui bat à 200 à l’heure à tout moment, à tout âge
« , s’amuse-t-il.
Père très présent, l’artiste n’a pourtant « jamais été capable de jouer » avec ses enfants
De son amour avec Hélène naît Léonard, en 2008. Julien Clerc a 60 ans et devient père pour la cinquième fois. « Fou peut-être et fier de l’être »
, chante-t-il dans son dernier album. À cette période, l’artiste se pose des questions. « Il faut quand même une certaine moelle, il faut être capable d’aider la maman. J’avais peur de ne plus avoir cette énergie-là, et finalement, je m’en réjouis ».
Car le rôle de père est un métier difficile, « on essaie de les accompagner, de leur donner un exemple pas trop mauvais »
, même si, avoue-t-il, « on a des griefs contre son père toute sa vie. »
Julien Clerc reconnaît d’ailleurs avoir été abrupt, et s’être ensuite adouci avec le temps, « le dernier a eu un père un peu plus coulant ».
Mais il y a des constantes. « je n’ai jamais été trop capable de jouer avec eux »
, reconnaît-il. Cela se retrouve dans la relation qu’il entretient avec ses petits-enfants. « Je ne suis pas suffisamment proche d’eux. Je pense que je suis un piètre grand-père »,
confie-t-il. Sans chercher d’excuse, il explique être encore le père d’un garçon de 17 ans, « je pense que le statut de grand-père en a souffert. »
Julien Clerc l’assure, il a eu la vie qu’il espérait. À presque 80 ans, on peut lui souhaiter, “beaucoup d’amour échangé, beaucoup d’émotions…et de bien chanter »
, conclut l’artiste avec un large sourire.