Longtemps, le poste de premier secrétaire du Parti socialiste a échappé à Jean-Christophe Cambadélis. La faute à deux condamnations – pour un emploi de complaisance chez un gestionnaire de foyers de travailleurs immigrés en 2000, puis pour un emploi fictif à la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF) en 2006 –, qualifiées d’« histoire très ancienne » par des proches auprès du Monde en 2012, alors qu’il retentait une nouvelle fois sa chance. Mercredi 4 septembre, l’ancien stratège socialiste a, cette fois, été reconnu coupable par la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris de « détournement de frais de mandat » pour des faits commis entre 2015 et 2017, lorsqu’il était député de Paris.
La justice a établi qu’il avait, entre 2015 et 2017, employé à des fins personnelles plus de 136 000 euros issus de son enveloppe de frais de mandat de député, parmi lesquelles plus de 30 000 euros de loyers de son domicile, plus de 25 000 euros de cotisations au Parti socialiste, plus de 10 000 euros de déplacements d’agrément – dont un voyage avec son épouse en Corse et un voyage en famille à Prague –, ou encore plus de 18 000 euros de paiements de dommages et intérêts dus après l’une de ses précédentes condamnations.
Le préjudice avait toutefois été ramené à 114 057 euros, l’élu ayant versé de lui-même pendant cette même période plus de 22 000 euros depuis son compte personnel vers le compte dédié à ses frais de mandat.
« Refus de voir réduire son train de vie »
« Une multitude d’opérations inscrites dans la durée, (…) dans le but d’assurer son train de vie », avait estimé le procureur financier Hedy Djilali lors de l’audience tenue fin juin, précisant que le parquet national financier (PNF) ne s’était intéressé qu’aux dépenses effectuées après le 5 mars 2015, date à laquelle les règles d’utilisation des frais de mandat avaient été détaillées dans une « lettre d’information » adressée aux députés par le président de l’Assemblée nationale.
Conformément aux réquisitions du PNF, l’ancien élu de 73 ans a été condamné à huit mois d’emprisonnement avec sursis, cinq ans d’inéligibilité et une amende de 60 000 euros. Il devra également poursuivre le remboursement des sommes litigieuses, soit encore 27 000 euros. « M. Cambadélis a (…) transgressé la loi (…) dans une volonté assumée d’enrichissement ou en tout cas de refus de voir réduire son train de vie », a expliqué la présidente de la 32e chambre, Bénédicte de Perthuis. Deux autres éléments ont pesé : le statut de député de M. Cambadélis, tant ces types de faits « participent de la défiance que les citoyens peuvent nourrir à l’égard de la politique », mais aussi l’absence de remords exprimés par l’ancien élu.
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