- Jean-Luc Mélenchon était interrogé ce jeudi par des patrons, en marge du sommet de l’économie organisé par notre partenaire « Challenges ».
- Le chef de file de La France insoumise a tenté de rassurer sur plusieurs points de son programme, dont l’augmentation du Smic.
Jean-Luc Mélenchon face aux patrons. Le chef de file de La France insoumise a été interrogé pendant un peu plus d’une heure par trois entrepreneurs, ce jeudi 27 novembre, en marge du sommet de l’économie organisé par notre partenaire Challenges
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et diffusé sur LCI (voir vidéo en tête de cet article). Le triple candidat à l’élection présidentielle, dont le patronat ne constitue pas franchement sa base électorale, a tenté de rassurer quant à ses positions économiques. Non sans avoir adressé un petit message à ceux des grands patrons qui brandissent l’exil fiscal en cas d’augmentation de taxes. « Je ne leur dis rien, au revoir. Je n’y crois pas. J’ai connu de grands entrepreneurs patriotes »,
a-t-il lancé.
Parmi les mesures de son plan, l’augmentation du Smic. Une piste qui fait craindre une hausse du coût du travail aux entreprises. « En France, 53% du PIB repose sur la consommation intérieure »
, a fait valoir Jean-Luc Mélenchon. « Quand vous augmentez les salaires, surtout les bas salaires, vous augmentez mécaniquement la consommation. Donc vous remplissez les carnets de commande des entreprises »,
plaide l’ancien député de Marseille qui admet qu’il faudrait « doser la manière avec laquelle on monte en puissance »
sur la hausse des rémunérations.
Pour que les cotisations sociales coûtent moins cher ? Une politique de prévention
Pour que les cotisations sociales coûtent moins cher ? Une politique de prévention
Jean-Luc Mélenchon face aux patrons
Autre point abordé : l’écart entre le salaire brut et le salaire net, trop important pour une partie des Français. Jean-Luc Mélenchon a insisté sur l’importance des cotisations obligatoires. « Tant que le salarié est en bonne santé, tout va bien. Mais quand il tombe malade, quel bonheur d’avoir la Sécurité sociale »
, a-t-il insisté, prenant ensuite l’exemple d’un pays étranger. « Quand tu emmènes quelqu’un à l’hôpital, qu’il a dépensé en une semaine toutes ses économies, et qu’il est obligé d’emprunter pour rester une deuxième semaine… »
Jean-Luc Mélenchon a toutefois esquissé une piste pour réduire l’écart entre le salaire brut et le salaire net : mieux prévenir les maladies. « Pour que les cotisations sociales coûtent moins cher, il faut moins de malades et moins de coûts médicaux »
, a-t-il poursuivi. « Cela nécessite d’avoir une politique publique de prévention. »
Présents au Collège des Bernardins pour ce 12e « sommet de l’économie » de Challenges
créé en 2013 pour « installer des passerelles directes entre les mondes de la politique et de l’entreprise »
, les patrons ont également interrogé Jean-Luc Mélenchon sur le temps de travail. « La grande cause de la gauche, c’est la diminution du temps de travail »
, a rappelé l’Insoumis, qui plaide notamment pour la retraite à 60 ans et la sixième semaine de congés payés. Des débats qui, comme celui sur les conditions de travail, devront finir selon lui par être acceptés. « Un nouveau phénomène est en train de se produire : la dénatalité »
, a-t-il mis en avant. « La génération qui a 15 ans aujourd’hui sera au boulot en 2035. Si en 2035, vous n’entendez pas que les gens veulent travailler différemment, vous n’y arriverez pas. »
Encadrer les loyers peut multiplier par deux le bénéfice de l’entreprise
Encadrer les loyers peut multiplier par deux le bénéfice de l’entreprise
Jean-Luc Mélenchon face aux patrons
Jean-Luc Mélenchon a aussi listé plusieurs de ses mesures. « Je veux changer les règles de la représentativité : les PME et les entreprises de l’économie sociale et solidaire doivent pouvoir avoir un poids plus grand et signer des accords. Je vais dire à l’Europe : votre marché de l’électricité, c’est de la folie, ça ne tient pas debout, nous nous réfèrerons aux prix intérieurs. J’encadre les loyers des locaux professionnels, ce qui peut multiplier par deux le bénéfice de l’entreprise. Pour l’impôt, je distingue la partie des bénéfices qui va sur les dividendes de celle qui va sur l’investissement. J’allonge la durée d’emprunt, je mets en place la progressivité de l’impôt sur les sociétés, le taux d’escompte à 0, je réforme l’impôt sur le revenu pour baisser les impôts des gens qui gagnent moins de 4.000 euros… »
Un programme présidentiel pour 2027, en somme ? « Il faudrait déjà que je sois candidat »
, a souri Jean-Luc Mélenchon. « Ce qui n’est pas acquis. »
Cela y ressemble pourtant.







