Dans son ouvrage La Science-Fiction au cinéma (10/18, 1971), Jean-Pierre Bouyxou écrivait ceci sur 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick : « Nous savons faire œuvre sacrilège dans le chœur des cinéphiles aussi bien que dans celui des amateurs de SF, mais ainsi sont les choses : nous n’aimons guère cette Odyssée de l’espace contée luxueusement avec la froideur documentaire d’un vil reportage télévisé. » Il fallait un certain culot, ou une certaine inconscience, pour traiter aussi légèrement le chef-d’œuvre alors (et toujours) admiré de tous. C’est que son rapport au cinéma ne se souciait d’aucune reconnaissance officielle, d’aucun ennoblissement édifiant, d’aucune de ces restrictions mentales que l’on appelle « le bon goût ».
Jean-Pierre Bouyxou aimait les films de vampires, les comiques ringards, les nanars d’Emile Couzinet (1896-1964), l’auteur du Congrès des belles-mères, et les bandes érotiques du cinéaste espagnol Jess Franco (1930-2013). Son amour du cinéma était guidé par une liberté totale et un pur et enfantin principe de plaisir dont on pourrait dire qu’il a qualifié sa vie entière – ses vies, en fait, tant son activité fut polymorphe et insaisissable. Jean-Pierre Bouyxou est mort à Paris le 2 septembre, à 79 ans.
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