Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a averti jeudi 19 septembre les Alliés, de part et d’autre de l’Atlantique, contre toute tentation « isolationniste », dans un discours d’adieu à quelques jours de son départ de l’Alliance. Après dix ans passés à la tête de l’OTAN, le responsable norvégien a lancé dans ce dernier discours plusieurs mises en garde et délivré quelques conseils.
« Des voix se sont élevées des deux côtés de l’Atlantique pour appeler l’Amérique et l’Europe à prendre des chemins différents. L’isolationnisme ne garantira la sécurité de personne », a déclaré M. Stoltenberg.
« Nous ne devons jamais tenir pour acquis le lien qui unit l’Amérique du Nord à l’Europe », a-t-il ajouté. Ce sera d’ailleurs la mission principale, dès le 1er octobre, de son successeur, l’ancien premier ministre néerlandais Mark Rutte : « maintenir ensemble les 32 pays » de l’Alliance, a-t-il souligné.
« L’OTAN est forte, unie et plus importante que jamais »
Le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump a tancé à plusieurs reprises ses alliés européens, accusés d’être de « mauvais payeurs », allant même jusqu’à menacer de les lâcher, y compris en cas d’attaque russe, s’ils ne contribuaient pas suffisamment au financement de l’Alliance.
« La pertinence de l’Alliance atlantique a été remise en question. Elle a été considérée comme divisée, obsolète, frappée de mort cérébrale. Mais la réalité est que l’OTAN est forte, unie et plus importante que jamais », a affirmé M. Stoltenberg.
« Nous devons être prêts à payer le prix de la paix », a averti le patron de l’OTAN, en appelant les Alliés à dépenser plus. « Plus il y a d’argent, plus notre défense sera forte, plus efficace sera notre dissuasion et plus grande notre sécurité », a-t-il assuré, reconnaissant que c’était souvent « difficile » pour les gouvernements en place. Mais, « mon devoir est de leur expliquer que rien n’est plus important que la paix et la sécurité », a-t-il souligné.
23 des 32 pays membres ont atteint l’objectif fixé par l’OTAN, il y a dix ans, de dépenser au moins 2 % de leur Produit intérieur brut (PIB) aux dépenses militaires. C’est une « bonne nouvelle », mais « la mauvaise, c’est que ce n’est plus suffisant pour garantir notre sécurité », a-t-il encore souligné.
Plusieurs pays européens rechignent à dépenser plus, après des années de coupes budgétaires dans les dépenses d’armements, rendues possibles par l’engagement militaire américain dans l’Alliance.
La guerre en Ukraine au centre des débats
Concernant la guerre en Ukraine, que M. Stoltenberg a affrontée à la tête de l’OTAN dès les premiers jours, après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, il a appelé les Alliés à parler avec Moscou, au risque d’en irriter certains, comme la Pologne ou les États baltes. « Nous devons parler à nos voisins, aussi difficile que ce soit », a-t-il affirmé. Mais « l’Ukraine doit s’engager avec la Russie en position de force », a-t-il aussitôt ajouté.
Et, « tout futur accord de paix doit être étayé par un soutien militaire fort et durable, pas juste des bouts de papier », a-t-il encore averti, rappelant l’échec des accords de Minsk, conclus avec la Russie après 2014.
Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application
« Notre responsabilité est de permettre aux Ukrainiens d’envoyer le message que [le président russe Vladimir Poutine] ne peut pas gagner sur le champ de bataille, que le prix sera trop élevé », a-t-il insisté.
Il a regretté de ce point de vue que l’OTAN n’ait pas aidé davantage l’Ukraine militairement après 2014.
« Si nous avions été plus fort plus tôt, au moins la barre pour la Russie dans son attaque contre l’Ukraine aurait été plus élevée, et le coût plus élevé », a-t-il expliqué.
Sur le plan économique, M. Stoltenberg a lancé un avertissement à ne pas reproduire avec la Chine les erreurs commises avec la Russie.
Moscou a « utilisé son gaz comme une arme pour nous empêcher d’aider l’Ukraine. Nous ne devons pas faire les mêmes erreurs avec la Chine et dépendre de ses terres rares », indispensables à la production, par exemple de téléphones portables, a-t-il averti.