Des troupes biélorusses s’apprêteraient-elles à attaquer l’Ukraine, ou s’agit-il d’un jeu de dupes ? Kiev a accusé, dimanche 25 août, la Biélorussie, pays voisin et proche allié de la Russie, de « masser » des troupes à sa frontière. Le ministère des affaires étrangères ukrainien a annoncé avoir repéré que le pays « masse un nombre significatif de soldats (…) dans la région de Gomel, près de la frontière nord de l’Ukraine, sous couvert de manœuvres [militaires] ».
« Nous appelons les responsables biélorusses à ne pas commettre d’erreur tragique sous la pression de Moscou, et nous pressons ses forces armées de cesser ses actes inamicaux et de retirer les forces de la frontière de l’Ukraine à une distance supérieure à la distance de tir des systèmes de la Biélorussie », a ajouté la diplomatie ukrainienne dans un communiqué. Kiev affirme avoir décelé la présence de combattants de la milice Wagner, dont 100 à 200 hommes – selon les estimations – sont restés en Biélorussie après l’échec de la rébellion en Russie de leur chef, Evgueni Prigojine (mort en août 2023 dans le crash de son avion).
En cas de violation de la frontière, « toutes les concentrations de troupes, les installations militaires et les voies d’approvisionnement en Biélorussie deviendront des cibles légitimes pour les forces armées ukrainiennes », avertissent les autorités. Quand la Russie a envahi l’Ukraine, le 24 février 2022, ses troupes étaient notamment parties de Biélorussie. Aujourd’hui encore, le territoire sert de base arrière logistique à Moscou, même si le nombre de ses soldats déployés sur place a chuté pour s’établir à environ 2 000 hommes.
« Environ 1 100 soldats »
L’ampleur du renforcement militaire près de la frontière ukrainienne semble toutefois très modeste. Le groupe de surveillance Belarusian Hajun Project, alimenté par le journaliste biélorusse en exil Anton Motolko et axé sur l’observation des activités militaires, évalue le nombre de soldats biélorusses présents à « environ 1 100 ». « Ce nombre de forces redéployées à la frontière ne représente pas une menace pour l’Ukraine », affirme l’expert, qui précise que « les troupes sont situées à une profondeur allant jusqu’à 50 kilomètres de la frontière ». Selon le Belarusian Hajun Project, « l’escalade de la situation à la frontière poursuit des objectifs informationnels et politiques plutôt que militaires ».
Une analyse que partage Pavel Slunkin, ancien diplomate biélorusse en exil. « Je ne crois pas que l’armée biélorusse va envahir l’Ukraine, dit-il. C’est plus une guerre informationnelle qu’un réel mouvement de troupes. » La menace d’une attaque semble d’autant plus faible que l’armée biélorusse, qui n’est pas directement impliquée dans l’invasion russe en Ukraine, est de taille modeste et peu expérimentée.
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