Ihar Boki est désormais l’orpailleur le plus prospère des Jeux paralympiques. En deux jours, dans le bassin de Paris La Défense Arena, le nageur biélorusse vient d’ajouter deux médailles d’or à sa collection démarrée aux Jeux de Londres en 2012. Avec 18 titres à son actif, c’est un de plus que le paratireur suédois Jonas Jacobsson (entre 1980 et 2012) et le nageur canadien Michael Edgson (entre 1984 et 1992). Et sa moisson devrait sans doute s’enrichir à l’issue des trois autres épreuves à son menu (400 m nage libre, 50 m nage libre et 200 m 4 nages).
Vendredi 30 août, personne n’a fait trembler le triple champion paralympique en titre sur 100 m dos (catégorie S13, réservée aux déficients visuels) : Boki a touché le mur (56 s 60) devant le Russe Vladimir Sotnikov (57 s 95) et Alex Portal (59 s 08). La veille, sur 100 m papillon, le Français de 22 ans a failli faire tomber le « Phelps biélorusse », mais l’or lui a filé entre les doigts, à la touche.
Depuis plus d’une décennie, le nageur de 1,90 m règne en maître sur sa catégorie, polyvalent dans les quatre nages. Dans son pays, « la torpille de Babrouïsk », l’un de ses surnoms, est décorée de l’Ordre du mérite à la patrie et possède même un timbre à son effigie.
Mais depuis jeudi, Ihar Boki n’a pas le droit à son hymne national, ni de voir hissé le drapeau biélorusse vert et rouge quand il grimpe sur le podium. A la place, le public voit s’élever un drapeau blanc avec inscrit dessus le sigle AIN pour « athlète individuel neutre » pendant que résonne l’hymne paralympique. « Bien sûr, c’est un peu triste de ne pas voir son drapeau, a évacué l’athlète vendredi soir, vêtu d’un survêtement neutre couleur lilas. Mais tout le monde nous connaît, tout le monde nous soutient. » Ses victoires ne sont pas non plus comptabilisées dans le tableau des médailles.
96 athlètes russes et biélorusses aux Jeux
Officiellement, le Biélorusse ne représente pas son pays à Paris. La Russie et son alliée biélorusse n’ont de fait pas obtenu d’invitation formelle pour les Jeux olympiques et paralympiques, depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
En septembre 2023, le Comité international paralympique (IPC) a décidé de suspendre partiellement les comités russe et biélorusse pour deux ans, mais d’autoriser leurs athlètes à s’aligner à Paris à titre individuel et sous bannière neutre, à condition qu’ils soient éligibles – et réussissent à se qualifier. Comme pour les sportifs valides, ils ont dû répondre à une enquête pour prouver qu’ils n’avaient jamais soutenu activement la guerre en Ukraine et qu’ils ne sont pas sous contrat avec des agences militaires ou de sécurité nationale.
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