Le chanteur lillois Lucky Love a fait forte impression lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Paris.
Privé de bras gauche à la naissance, il a fait de son handicap le moteur d’une carrière déjà riche et éclectique.
Soutenu par la star américaine Lana Del Rey, il vient d’enregistrer son premier album à Los Angeles.
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Jeux olympiques et paralympiques
Le message était à la hauteur de la performance, fière, spectaculaire et surtout inspirée. Né sans bras gauche, l’artiste français Lucky Love, 31 ans, s’est produit mercredi soir lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques 2024. « Qu’est-ce qui ne va pas avec mon corps ? Ne suis-je pas suffisant ?« , a-t-il chanté en anglais, entouré de danseurs valides et en situation de handicap, sur cette version de sa chanson « Masculinity » (Masculinité – ndlr), transformée pour l’occasion en « My ability » (Ma capacité) pour l’occasion.
Pour filer la métaphore sportive, le parcours de Luc Bruyère, son vrai nom, ressemble à un 110 mètres haies, où les obstacles franchis sont innombrables. Il y a ce bras gauche absent qui a valu à ce Lillois moqueries et harcèlement à l’école, les paradis artificiels qui l’ont plongé en enfer pendant un temps ou sa séropositivité qu’il évoque dans ses chansons. « Je pense qu’être en vie, ce n’est pas toujours la joie mais c’est toujours incroyable. Il faut s’en rappeler« , explique-t-il dans un entretien à l’AFP.
Comme une envie de revanche sur les coups du sort, Lucky Love a eu mille vies entre la danse, le mannequinnat, le théâtre avec la pièce Elephant man aux côtés de JoeyStarr et Béatrice Dalle, le cinéma avec une apparition dans La Vie d’Adèle, la Palme d’or 2013 d’Abdellatif Kechiche. Sans oublier des performances sur les planches de Madame Arthur, célèbre cabaret travesti parisien. À tel point qu’il lui a fallu choisir, pour ne pas se disperser.
« Maintenant, c’est clair : la musique me permet enfin de réunir tout ce que je sais faire, à savoir autant de jouer dans mes clips que d’écrire mes chansons, danser dans mes clips, danser sur scène« , souligne-t-il. Avant les JO, sa notoriété avait déjà commencé à dépasser nos frontières puisque Lana Del Rey est tombée sous son charme, comme en témoignent les réseaux sociaux de la mégastar américaine qui s’est produite comme lui au festival Rock en Seine.
« Ma grande veine est que Lucky Love est devenu Lucky Love grâce à une grande artiste qui s’appelle Lana Del Rey qui a beaucoup aimé ma musique et qui m’a beaucoup aidé puisqu’elle a promu ma musique« , savoure-t-il. Avec un bel effet boule de neige, puisque d’autres stars internationales, de la pop ou des écrans, comme le chanteur Sam Smith ou l’actrice Jennifer Coolidge, ont emboîté le pas de la musicienne pour vanter ses mérites sur les réseaux.
« Paris est devenu ma maison parce que c’est ici que j’ai commencé à rêver« , souligne le Nordiste. « Et je pense que Los Angeles deviendra ma maison puisque c’est là-bas que je veux continuer à rêver« , avoue-t-il. C’est d’ailleurs là-bas qu’il a enregistré son premier album, à paraître dans quelques semaines. Et ça tombe bien puisque la ville californienne accueillera les Jeux olympiques et paralympiques en 2028.