L’auteur-compositeur et interprète de reggae jamaïcain de renommée internationale Jimmy Cliff est mort, a annoncé son épouse sur Instagram, lundi 24 novembre. Il avait 81 ans.
« C’est avec une profonde tristesse que je vous annonce le décès de mon mari, Jimmy Cliff, des suites d’une crise d’épilepsie suivie d’une pneumonie (…), écrit-elle. A tous ses fans à travers le monde, sachez que votre soutien a été sa force durant toute sa carrière. Il appréciait sincèrement chacun d’entre eux pour leur amour. (…) Jimmy, mon amour, repose en paix. »
Né le 30 juillet 1944, Jimmy Cliff, né James Chambers, commence à écrire ses chansons à l’école primaire et à les chanter avec les sound systems de ses voisins. Puis son père l’emmène à 14 ans à Kingston pour l’inscrire dans une école technique, mais le jeune Jimmy fera le tour des studios d’enregistrement : « La première fois que j’ai enregistré un disque, racontait le chanteur, on m’a donné 1 shilling. Les Wailers étaient plus chanceux que moi chez Studio One, on leur donnait 2 livres par semaine. Moi, je n’ai eu droit qu’à 1 shilling, et on me chassait d’un geste de la main : “Voilà, écolier, va prendre ton bus.” Ensuite je suis tombé sur le producteur Leslie Kong. Il était très correct alors je suis resté avec lui. Je pense que c’est pour ça que j’ai échappé à beaucoup d’arnaqueurs, contrairement à d’autres de mes collègues. » Cela ne l’empêchera pas de remporter un procès en 2009 contre son ancienne maison de disques, EMI, qui avait commercialisé des chansons sans son autorisation.
« Cette musique est née du ghetto »
Jimmy Cliff enregistre son premier tube, Hurricane Hattie, en 1962, année lors de laquelle Alexander Bustamante devient premier ministre d’une Jamaïque désormais indépendante. Il y aura ensuite Miss Jamaica, déclaration d’amour très fraîchement yé-yé, inscrite dans une période du reggae encore entachée de jazz. Garçon à la voix soul, Jimmy Cliff rejoint alors Island Records, label fondé par Chris Blackwell, homme d’affaires britannique élevé dans l’île. L’auteur de Many Rivers to Cross, chanson qui décrit en douceur la difficulté du combat pour la vie, affirmait : « Le reggae est la vie. Le sexe est la vie, l’amour est la vie, et le combat aussi. Cette musique est née du ghetto, où chaque jour plus qu’ailleurs encore il faut manger, travailler. »
De retour en Jamaïque après quatre ans passés à Londres, le chanteur tient le rôle principal du film The Harder They Come (1972), de Perry Henzell, ami d’enfance de Chris Blackwell. Le scénario s’inspire de la vie d’Ivan « Rhyging » Martin, bandit au grand cœur de Trenchtown, le ghetto de Kingstown, abattu par la police en 1948. Jimmy Cliff y joue du revolver dans un monde de producteurs musicaux véreux, de flics pourris, de mafieux du jeu et du petit peuple de la Jamaïque. La bande-son du film, où figurent Many Rivers to Cross et You Can Get it if You Really Want, transporte le reggae hors des frontières de la Jamaïque. Jimmy Cliff connaît également le succès international la même année avec I Can See Clearly Now, écrit par Johnny Nash.







