La France doit procéder « à un examen indépendant et impartial » des mesures de sécurité déployées pendant les Jeux olympiques (JO) de Paris 2024, parfois « disproportionnées » voire « illégales », estiment trois experts indépendants mandatés par l’Organisation des nations unies (ONU), dans un communiqué diffusé mardi 4 mars. Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), le ministère de l’intérieur français n’a pas souhaité réagir.
« Les autorités françaises ont pris un certain nombre de mesures raisonnables afin de garantir que les Jeux olympiques et paralympiques soient exempts de violence terroriste », expliquent ces experts qui ont été désignés par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, mais ne s’expriment pas au nom de l’ONU. Néanmoins, ils estiment que « certaines mesures de sécurité semblent inutiles ou disproportionnées, tandis que d’autres étaient discriminatoires, voire illégales ».
Pour eux, « dans de trop nombreux cas, les mesures de sécurité semblent avoir été appliquées de manière indiscriminée ou trop large, sans être nécessaires ou proportionnées pour répondre à des risques spécifiques, fondés sur des preuves, posés par des individus particuliers ». Ils évoquent notamment « une surveillance sans précédent » à l’aide de drones et de vidéosurveillance faisant appel à l’intelligence artificielle mais aussi des pouvoirs légaux « trop imprécis et étendus » citant l’exemple de mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance (MICAS).
« Pratiques policières discriminatoires »
« Nous avons également constaté des pratiques policières discriminatoires, ciblant des individus ou des groupes en raison de leurs opinions politiques, leur appartenance religieuse ou leur origine ethnique », ajoutent ces experts.
Ils exhortent « la France à mener un examen indépendant et impartial des mesures de sécurité mises en œuvre pendant les Jeux olympiques et paralympiques, à identifier et à remédier à tout abus des pouvoirs de sécurité, et à tirer des enseignements pour la France et d’autres pays sur la manière de sécuriser les futurs événements publics majeurs ».
Avec en ligne de mire les Jeux olympiques d’hiver en Italie et la Coupe du monde de football dans trois pays d’Amérique du Nord, ces experts indépendants appellent aussi les instances sportives internationales, telles que le Comité international olympique et la Fédération internationale de football (FIFA), « à évaluer les risques de leurs événements en matière de droits humains et à collaborer avec les pays hôtes pour les atténuer ».