- Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, est invité de « La Grande confrontation » ce jeudi soir sur LCI (canal 15) à partir de 20h40.
- S’il ne vient pas en tant que candidat du parti en 2027, le député européen se tient, de fait, prêt à représenter son parti en cas d’inéligibilité de Marine Le Pen.
- Le binôme s’affiche de plus en plus comme un duo en campagne, faisant fi de l’incertitude qui pèse sur le nom de la personnalité candidate dans deux ans.
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Procès du RN : Marine Le Pen et le parti condamnés
Jordan Bardella s’apprête à vivre de drôles de mois. Le député européen va mener une campagne présidentielle en duo avec Marine Le Pen, en n’étant pas le candidat privilégié de son parti pour la prochaine élection présidentielle, mais en étant obligé de se tenir prêt au cas où il doive suppléer l’élue du Pas-de-Calais en 2027. En effet, si la cheffe des députés RN est « évidemment la seule candidate à la présidentielle »
, comme elle l’a répété ce jeudi matin sur France Inter, son avenir n’est pas entre ses mains. Il est suspendu à la décision de la cour d’appel, qui confirmera ou infirmera sa condamnation à une peine d’inéligibilité immédiate prononcée fin mars par le tribunal pour détournement de fonds publics. Dans ce cas-là, « si jamais la cour d’appel décide de m’empêcher d’être candidate (…) nous continuerons à faire campagne à la présidentielle avec lui »
.
Si Jordan Bardella apparaît bien comme le plan B du Rassemblement national, pas question de tout miser sur lui tout de suite. « Il n’y a pas de plan B parce que le plan A n’a pas encore été mené à son terme »
, disait-il lui-même sur LCI début avril. « Ma loyauté à Marine est totale, elle sera totale. »
« Je suis à son service et je ferai ce qu’elle me demandera de faire »
, ajoutait-il. « Jordan Bardella est un atout formidable pour le mouvement et je le dis depuis longtemps. J’espère que nous n’aurons pas à user de cet atout plus tôt qu’il n’est nécessaire »
, avait déclaré Marine Le Pen sur TF1 après sa condamnation.
De plus en plus de déplacements ou meetings à deux
Depuis, ils s’emploient à apparaître comme un binôme, à la relation solide, aux idées raccord. En veillant toutefois à ne jamais effacer la candidate naturelle derrière son dauphin, qui se voyait Premier ministre en cas de victoire aux élections législatives de l’été dernier.
Ce jeudi par exemple, alors que Jordan Bardella est invité de LCI à partir de 20h40 (à suivre sur le canal 15 et la TNT et en direct commenté sur notre site), Marine Le Pen répondait le matin même aux questions de France Inter. « Ce sera l’occasion de montrer à tous les parlementaires du parti les deux chefs le même jour, avec des messages hyper cohérents entre eux »
, a assuré un proche de Marine Le Pen auprès de Politico. Il a confié que cette coïncidence médiatique avait été « dealée entre eux »
, et que leurs équipes avaient discuté d’éléments de langage à partager.
Ces derniers jours, Marine Le Pen et Jordan Bardella multiplient les déplacements à deux, comme mercredi soir à la soirée de lancement du livre de leur allié Eric Ciotti. Lundi dans le Loiret, un an après leur victoire aux élections européennes, ils ont tenu un meeting commun pour mettre en scène ce duo. Selon Politico, ils devraient de nouveau se déplacer à deux la semaine prochaine.
Une concurrence grandissante ?
Une manière de faire taire les rumeurs faisant état de la concurrence qui s’installerait entre eux ? « Globalement, il n’y a aucune tension entre eux »
, assurait le week-end dernier un influent lepéniste à l’AFP, « mais c’est vrai qu’il y a parfois de l’exaspération, notamment de Marine, face à ceux qui veulent l’enterrer trop vite »
. La triple candidate malheureuse à la présidentielle avait elle-même laissé transparaître son agacement, la semaine dernière, lorsqu’elle a dit ne pas être « sûre que Jordan, pour le coup, connaisse très bien les problèmes de la
Nouvelle-Calédonie
«
.
Un désalignement avait déjà pu être perçu le 1er mai dernier, lors d’un meeting à Narbonne. Marine Le Pen y avait développé un discours aux forts accents sociaux, à rebours des inflexions libérales qu’épouse depuis plusieurs mois Jordan Bardella. Lequel, lors de sa prise de parole, n’avait pas eu un mot ni pour son aînée, ni pour l’échéance de 2027. Les pro-Le Pen rendent également comptable le président du parti des candidatures de « brebis galeuses »
aux législatives de 2024 ou se sont émus de l’absence du président du RN lors du procès de la fille de Jean-Marie Le Pen, y compris lors des réquisitions ou du délibéré.
Ex-aequo dans les sondages ?
À force de mettre en scène leur duo, Marine Le Pen et Jordan Bardella en deviennent-ils interchangeables ? Les derniers sondages indiquent souvent que l’un et l’autre obtiendraient les mêmes résultats au premier tour de l’élection présidentielle. Un sondage Ifop réalisé en avril pour l’observatoire de statistiques Hexagone indiquait que le candidat RN arriverait largement en tête au 1ᵉʳ tour, avec de 32 à 35% d’intentions de vote, quelle que soit la configuration testée et sans différence notable entre Marine Le Pen et Jordan Bardella. Le 21 mai, un sondage Ifop-Fiducial pour Le Figaro
et Sud Radio plaçait en largement en tête le candidat du Rassemblement national au premier tour : qu’il s’agisse de Marine Le Pen ou Jordan Bardella, 31% des voix seraient remportées par le parti d’extrême droite.
En juin, l’observatoire politique d’Elabe place Jordan Bardella et Marine Le Pen en 2ᵉ et 3ᵉ position des politiques dont les Français ont la meilleure image, derrière Edouard Philippe. Le maire du Havre recueille 39% d’images positives, devant le président du RN (35%, -2 points) et Marine Le Pen (34%, -3 points). En revanche, auprès des électeurs de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour, Marine Le Pen reste stable à un très haut niveau (88%) devant Jordan Bardella qui enregistre un recul notable (82%, -7 points et -9 points en deux mois).
