Chaque semaine, par visio sécurisée, des journalistes russes en exil forment des apprentis reporters dans leur pays d’origine. « Incroyable ! Dans le pays de Poutine, des jeunes veulent encore travailler pour une information juste et honnête, malgré les risques et l’absence de débouchés », se réjouit Olga Proskournina, 50 ans, l’une des bénévoles qui, depuis l’Europe, aident et accompagnent des journalistes en herbe. Dès l’école primaire, elle avait fait ses premiers pas dans le métier pendant la perestroïka, à la fin des années 1980. « J’étais fascinée par la liberté des mots. Nous voulions changer le monde en mieux… »
Exilée depuis le début de la guerre en Ukraine, elle vit désormais à Paris et travaille pour Republic, l’un des médias russes indépendants les plus respectés. Publiant des articles écrits par des experts, ce site est classé « agent de l’étranger » en Russie et risque de tomber dans la liste des « organisations indésirables » : ses lecteurs, qui financent le site par leurs abonnements, pourraient alors être poursuivis pénalement.
Avant tout, Olga Proskournina veut penser à l’avenir. Entre deux relectures d’articles pour Republic, elle passe son temps en visio avec une douzaine d’apprentis journalistes. Pour des raisons de sécurité, aucun détail ne peut être publié sur cette formation à distance organisée par le biais des messageries Zoom et Signal, avec des pseudonymes. « Pour eux, ce métier est beaucoup plus dangereux aujourd’hui que pour nous sous la perestroïka. On leur enseigne les bases du métier en leur apprenant à minimiser les risques. »
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