Human Rights Watch a qualifié lundi 25 novembre de « crime de guerre apparent » la frappe israélienne qui a tué trois journalistes au Liban le 25 octobre ajoutant qu’une bombe équipée d’un kit de guidage de fabrication américaine avait été utilisée. Le bombardement a visé un complexe touristique à Hasbaya, dans le sud du Liban, où séjournaient dix-sept journalistes travaillant pour des médias libanais et arabes. L’armée israélienne a indiqué que l’attaque visait des combattants du Hezbollah et qu’elle était « en cours d’examen ».
A Hasbaya, où Le Monde s’est rendu le 10 novembre, on se défend de toute présence du groupe armé chiite. Dans la ville, dont la population est majoritairement de confession druze, des groupes de « vigilance » patrouillent toutes les nuits pour écarter les combattants du Hezbollah et s’assurer qu’aucun tir ne part de la localité en direction d’Israël.
Le complexe touristique où ont été ciblés les journalistes est situé à l’écart de la localité, surplombant la rivière Hasbani et dont les berges accueillent cafés et restaurants. Après plusieurs mois passés dans un hôtel en ville, le groupe de journalistes libanais, qui avait l’habitude d’installer ses caméras sur la colline qui surplombe le Hasbaya Village Club, pour filmer en direct les combats et les bombardements dans la plaine de Marjayoun, ville frontalière d’Israël, avait décidé d’élire domicile chez Anwar Aboughaida, 58 ans, le propriétaire du Hasbaya Village Club.
« Aucune preuve de combats »
« Ici, c’est le chalet qu’occupait la chaîne Al-Mayadeen, détruit ; puis là celui de New TV, en bas MTV… détruits. Nous n’avions que des journalistes comme clients. Les caméras de surveillance peuvent en attester, aucun autre client à part ces journalistes n’est venu sur une période de vingt-cinq jours avant le bombardement israélien », explique Anwar Aboughaida, 58 ans, le propriétaire. « Je ne m’attendais absolument pas à ce que cela arrive ici et à ce qu’ils s’en prennent à des journalistes. J’avais d’ailleurs refusé de louer à des déplacés venus d’autres villages, car je ne les connaissais pas et je ne voulais pas héberger quelqu’un susceptible de représenter une cible… Le Hezbollah n’existe pas ici », ajoute-t-il, affairé à déblayer les gravats de l’un des chalets.
« Les seules allées et venues étaient celles des journalistes. Les épaves de voiture que vous voyez étaient toutes siglées “Press” et appartenaient à ces médias », continue-t-il. « Nous avons mis des heures à retrouver les restes du corps de l’une de victimes, dispersés sur 100 mètres », se rappelle-t-il.
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