Un raz de marée rouge, la couleur du Labour. Le nouveau premier ministre britannique, Keir Starmer, a promis, vendredi 5 juillet, un « renouveau national » pour le Royaume-Uni, après le triomphe du Parti travailliste aux élections législatives – qui revient ainsi au pouvoir après quatorze ans dans l’opposition.
« Nous l’avons fait ! », a lancé, triomphal, au petit matin cet ancien avocat de 61 ans, alors que son parti venait de s’assurer une majorité absolue dans le futur Parlement. « Notre tâche n’est rien de moins que de renouveler les idées qui maintiennent l’unité de notre pays, un renouveau national », a-t-il déclaré.
Vers 4 h 30 (heure locale, 5 h 30 heure de Paris), le Labour avait déjà sécurisé plus de 367 sièges, soit plus que les 326 sièges nécessaires pour obtenir la majorité absolue à la Chambre des communes et pouvoir former seul le futur gouvernement britannique.
Sans attendre les résultats des 650 circonscriptions en jeu, le premier ministre sortant, Rishi Sunak, a reconnu sa défaite, annonçant avoir appelé le chef du Labour pour le féliciter et assumant la responsabilité d’un échec qui apparaît d’ores et déjà historique. En quittant Downing Street, il a déclaré qu’il démissionnait de la tête du Parti conservateur, présentant par la même occasion ses excuses à la population. Quelques heures plus tard, M. Starmer a reçu la bénédiction du roi Charles III au palais de Buckingham, devenant officiellement le nouveau premier ministre.
« Le changement commence maintenant »
Cette victoire massive vient couronner le travail d’un dirigeant souvent jugé peu charismatique. Keir Starmer s’est évertué, depuis son arrivée à la tête du Labour, en 2020, à remanier le parti, le recentrant sur le plan économique et écartant l’aile gauche, seule manière selon lui de revenir au pouvoir. « Les victoires électorales ne tombent pas du ciel. Elles se gagnent difficilement, en se battant très fort, et celle-ci n’a pu être gagnée que par un Labour transformé », a-t-il insisté. Reste que la victoire des travaillistes doit beaucoup au rejet suscité par les conservateurs, après une succession de crises et une campagne électorale désastreuse.
A l’occasion de son premier discours à Downing Street, vendredi après-midi, devant une foule agitant l’Union Jack, le nouveau premier ministre a déclaré que la mise en place de sa politique « prendra[it] un certain temps ». « Mais n’ayez aucun doute sur le fait que le travail du changement commence immédiatement. (…) Nous reconstruirons la Grande-Bretagne en créant de la richesse dans chaque communauté », a-t-il insisté.
Il en a profité pour formuler de premières promesses. « Nous remettrons sur pied le NHS », le service de santé public gratuit vénéré par les Britanniques, a assuré M. Starmer. Il souhaite également « des frontières sécurisées, des rues plus sûres, tout le monde traité avec dignité et respect au travail, la possibilité d’une électricité britannique plus propre, abaissant les factures d’énergie pour de bon, et pierre par pierre, nous reconstruirons les infrastructures ».
Mais Keir Starmer avait aussi prévenu, vendredi matin, qu’un « travail difficile » attendait son gouvernement, « un travail patient, un travail résolu », qui allait commencer « immédiatement ». « Je ne vous promets pas que cela sera facile. Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour changer un pays », avait-il insisté, alors que le Royaume-Uni pâtit notamment de services publics en crise et se trouve dans un contexte budgétaire contraint.
Félicitations du monde entier
Le premier ministre australien, Anthony Albanese, a félicité Keir Starmer pour sa « victoire électorale retentissante » aux législatives britanniques, en soulignant qu’il est son « ami ». M. Albanese a déclaré qu’il était impatient de « travailler de manière constructive » avec le nouveau gouvernement britannique de gauche. Justin Trudeau, premier ministre canadien, a également posté un message de félicitations sur le réseau social X.
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Le président du Conseil européen, Charles Michel, a lui aussi félicité le nouveau premier ministre britannique pour sa « victoire électorale historique » aux législatives, déclarant se réjouir de travailler avec Londres sous un gouvernement travailliste. « L’Union européenne et le Royaume-Uni sont des partenaires essentiels, qui coopèrent dans tous les domaines d’intérêt mutuel pour nos citoyens », a déclaré M. Michel sur X. Il a ajouté qu’il verrait M. Starmer lors du sommet de la Communauté politique européenne prévu le 18 juillet, « où nous discuterons des défis communs tels que la stabilité, la sécurité, l’énergie et l’immigration ».
Plus tard dans la matinée,Emmanuel Macron a, à son tour, publié un message sur X, affirmant avoir discuté avec Keir Starmer. « Nous poursuivrons le travail entamé avec le Royaume-Uni pour notre coopération bilatérale, pour la paix et la sécurité en Europe, pour le climat et pour l’IA », a-t-il précisé.
Le président ukrainien a lui aussi lui félicité le leader travailliste et son parti. « Je me réjouis de collaborer étroitement au renforcement du partenariat entre l’Ukraine et le Royaume-Uni et au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales » a-t-il écrit sur X. Il a également tenu à saluer le premier ministre sortant Rishi Sunak : « Je suis reconnaissant envers mon bon ami Rishi Sunak pour le soutien indéfectible du gouvernement britannique sous sa direction. »