L’UE acte la taxation des engrais russes dès juillet
Malgré les craintes des agriculteurs d’une envolée des prix mondiaux, les Européens ont définitivement acté, jeudi, la taxation progressive des engrais russes à partir du mois de juillet. L’Union européenne (UE) veut sortir de sa dépendance aux fertilisants venus de Russie et priver Moscou d’une manne qui contribue à financer la guerre en Ukraine.
A partir du 1er juillet, Bruxelles va progressivement surtaxer les engrais azotés russes et biélorusses, jusqu’à atteindre des tarifs prohibitifs en 2028, afin de définitivement couper le robinet. Les Vingt-Sept ont donné leur accord à cette mesure, qui avait été largement soutenue au Parlement européen fin mai.
L’UE a importé 6,2 millions de tonnes d’engrais russes en 2024 et déjà près de 3 millions depuis début 2025, soit un quart de ses importations en la matière. Avec la taxation des engrais, « nous réduisons encore davantage les recettes de la Russie et, par conséquent, sa capacité à financer sa guerre brutale. C’est l’Europe unie à son meilleur », a estimé le ministre du développement économique polonais, Michal Baranowski, dont le pays occupe la présidence tournante du Conseil de l’UE.
Ces dernières semaines, l’UE s’est efforcée de rassurer les agriculteurs qui s’alarment d’une éventuelle explosion des prix sur l’ensemble du marché. Les taxes seront progressives et le marché « étroitement surveillé », souligne Bruxelles. La Commission européenne a promis d’intervenir si les prix grimpent, avec la possibilité de suspendre les taxes sur les engrais importés d’autres régions pour compenser : Maghreb, Asie Centrale, Etats-Unis, Trinité-et-Tobago ou Nigeria…
L’UE vise surtout une augmentation de la production européenne, pour davantage d’indépendance. La taxation des engrais russes est d’ailleurs applaudie par les industriels européens, qui dénonçaient la concurrence déloyale de la Russie. De leur côté, les syndicats d’agriculteurs européens continuent de mettre en garde contre d’éventuelles « graves conséquences économiques et opérationnelles » de la taxation des engrais russes. Moscou avait fustigé ces taxes, fin mai. Les Européens « se tirent une balle dans le pied » et vont « se retrouver avec des engrais plus chers », avait lancé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.