Même lorsqu’ils ont vu des photos avant de venir, les pèlerins qui se pressent autour de la dépouille mortelle de Carlo Acutis, dans le sanctuaire de la Spoliation d’Assise, ne s’attendent pas à ce qu’ils découvrent : un grand jeune homme au visage poupin et à l’abondante chevelure brune, couché dans une châsse vitrée comme sur un lit.
Il n’est pas rare, dans les églises catholiques, d’entrevoir des reliques de saints. Des fragments, le plus souvent, scellés dans des boîtes plus ou moins transparentes – un doigt, une dent, un échantillon d’os, plus rarement un squelette entier. Du vieux, du très vieux même, peu parlant et donc peu susceptible d’exciter la ferveur des fidèles.
Rien de tel avec cet adolescent vêtu d’un sweat-shirt, d’un jean et chaussé de baskets – très loin du saint patron des lieux, ce moine en robe de bure qui se dépouilla de ses biens et vécut, pauvre parmi les pauvres, entre 1182 et 1226. Comme François d’Assise, pourtant, Carlo Acutis (1991-2006) doit être canonisé à Rome, dimanche 7 septembre, en même temps que le Turinois Pier Giorgio Frassati (1901-1925).
Tous deux jeunes au moment de leur mort, tous deux italiens, les futurs saints ne jouissent pas de la même notoriété, loin de là. Dans le cas de Carlo Acutis, cette célébrité s’accompagne d’un culte soutenu, qui engendre des rumeurs. Celle-ci, par exemple, colportée sur Internet : lors de son exhumation, en 2019, le corps de l’adolescent aurait été intact. Faux, explique le père Marco Gaballo, recteur du sanctuaire : « Il était dans un état de décomposition normal pour une région au climat sec comme celui d’Assise, mais ses organes étaient encore structurés. » Les restes ont donc fait l’objet d’un traitement, avant d’être agrémentés d’un masque et de mains en silicone, d’où le réalisme frappant de l’ensemble.
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