L’Europe doit-elle s’appuyer sur la Chine pour faire face à un président américain qui n’a jamais caché qu’il ne nous veut aucun bien ? Tout en soudaines rondeurs, Xi Jinping nous y appelle et, sans même s’en rendre compte, Donald Trump nous y pousse toujours plus. Mais le faut-il vraiment ?
« Mais comment ! Vous n’y pensez pas ! Jamais, pas question ! », auraient répondu l’immense majorité des Européens il y a encore peu, et beaucoup le font encore. L’Europe, font-ils valoir, renierait toutes ses valeurs en se rapprochant de la plus grande dictature du monde, d’un Etat policier qui a instauré une surveillance de masse, martyrise Tibétains et Ouïgours, viole tous ses engagements à Hongkong, menace d’envahir Taïwan et s’adjuge la mer de Chine méridionale par la force du fait accompli.
Tout cela n’est que trop vrai. Mais il est tout aussi vrai, commence-t-on pourtant à murmurer, que les Etats-Unis de Donald Trump s’en prennent directement à nous, contrairement au régime chinois, et tournent le dos à la démocratie.
Car les faits sont là. Donald Trump travaille à s’entendre avec Vladimir Poutine, au détriment des Ukrainiens et de l’Europe entière. Il menace d’annexer le Groenland, y compris par la force. Il va jusqu’à dire que l’Union européenne n’aurait été créée que pour « baiser » les Etats-Unis. Il a mis en doute l’automaticité de la protection américaine de l’Europe et s’attaque systématiquement aux contre-pouvoirs de la démocratie américaine. Ses proches et lui-même prennent fait et cause pour nos extrêmes droites dans l’espoir de nous affaiblir. Et, si les Bourses n’avaient pas autant dévissé, il nous aurait déjà imposé une guerre commerciale à coups de droits de douane aussi exorbitants qu’injustifiés.
Prendre conscience de notre force
Il n’y a pas un domaine où il ne nous manifeste pas son hostilité, et nous devrions toujours voir en cet homme un allié, plutôt brusque mais pérenne ? Nous devrions ne pas voir que Xi Jinping nous tend la main ? Nous devrions ignorer que le président chinois vient de souhaiter que l’Union européenne et son pays « s’opposent ensemble à l’intimidation » pour défendre leurs intérêts légitimes, les règles internationales et la mondialisation de l’économie ?
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