L’insaisissable commandant de la brigade de Nour Shams, Mohammad Jaber, dit « Abou Shuja », a été tué dans la nuit du mercredi 28 au jeudi 29 août, lors d’un échange de tirs dans une mosquée, au cours d’une opération d’ampleur menée par l’armée israélienne dans le nord de la Cisjordanie. Installé dans le camp de réfugiés, où vivent les Palestiniens chassés de leurs terres en 1948, attenant à la ville de Tulkarem, Abou Shuja était à la tête d’une unité armée composite. Celle-ci rassemble des combattants de diverses obédiences et, bien qu’officiellement affiliée au Jihad islamique, compte parmi ses éléments des membres du Hamas ainsi que d’autres groupes et factions palestiniennes, y compris certains proches du Fatah. Donné pour mort plusieurs fois, Abou Shuja avait ressurgi, échappant aux frappes comme aux combats dans les ruelles de Nour Shams.
Depuis mardi 27 août, trois villes du nord de la région occupée sont visées dans le cadre d’une vaste opération conjointe, réunissant des troupes de plusieurs brigades israéliennes, des membres d’unités spéciales opérant clandestinement et des éléments de la police des frontières, avec des renforts aériens. Même à l’aune de la fréquence et de l’intensité des opérations contre les bastions des groupes armés palestiniens depuis près de onze mois dans cette zone, celle-ci est d’une ampleur inhabituelle. Le camp de réfugiés de Jénine, deux autres à Tulkarem, dont celui de Nour Shams, à l’ouest, non loin de la barrière de séparation fermant l’accès à la plaine centrale israélienne et, à l’est, celui d’Al-Faraa, proche de Tubas, vers la vallée du Jourdain, ont été ciblés.
Israël a utilisé des hélicoptères de combat ainsi que des drones, des véhicules blindés et les habituels bulldozers géants qui défoncent les routes à la recherche de dispositifs explosifs (plusieurs ont été actionnés dans les dernières heures) et ravagent aussi les infrastructures (eau, électricité, égouts). Des forces au sol en grand nombre, comptant plusieurs centaines d’hommes, de plusieurs brigades, ont opéré un encerclement des camps. A Jénine, considérée comme le bastion régional le plus important des groupes armés, l’opération a pris fin jeudi matin. « Les combattants n’étaient pas dans le camp », assure une source proche de leurs chefs. Les éléments armés sont aussi dispersés dans les agglomérations des environs, depuis lesquelles il leur arrive de monter des actions coup de poing contre l’armée israélienne, souvent prise à revers lorsque celle-ci encercle le camp de Jénine.
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