L’Ange du foyer, toile de Max Ernst de 1937, dont le sous-titre est Le Triomphe du surréalisme, est désormais l’un des emblèmes de ce mouvement. A juste titre : la toile est onirique, politique et symbolique, comme le surréalisme lui-même. Aussi avait-elle été choisie pour l’affiche de l’exposition du centenaire du groupe au Centre Pompidou à Paris, à l’automne 2024. Ainsi est-elle en couverture du catalogue de celle qui occupe la moitié de la Fondation Beyeler, à Riehen, en Suisse, quoique celle-ci se nomme « La Clef des songes », d’après le titre du tableau de René Magritte de 1930, qui n’est que légèrement moins connu que L’Ange du foyer.
Mais ce qui n’était su jusqu’à présent que d’un petit nombre de spécialistes, c’est le fait que les deux œuvres aient appartenu à l’un des plus grands collectionneurs du surréalisme – qui était aussi l’un des plus discrets. Il se nommait Claude Hersaint, était né à Sao Paulo (Brésil) en 1904 et est mort en Suisse en 1993. Après sa disparition, sa veuve, puis désormais leur fille ont conservé presque la totalité de l’ensemble qu’il avait constitué. Encore faut-il savoir que ce qui en est montré aujourd’hui n’en est qu’une anthologie, tant est encore importante la collection, même après avoir été amputée d’une partie quand Hersaint divorça d’une première épouse et après avoir subi des vols durant l’Occupation à Paris, quand il fut contraint de se réfugier à New York.
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