En 2023, les incidents contre les humanitaires ont atteint un record alarmant et inédit, avec 595 humanitaires tués, blessés ou kidnappés dans le monde. Cette violence touche principalement les humanitaires locaux (95 % des incidents). Elle illustre les dangers croissants auxquels sont confrontés celles et ceux qui se trouvent en première ligne des efforts humanitaires, ainsi que la difficulté grandissante pour les organisations employeuses de protéger et soutenir leur personnel sur le terrain.
Ces chiffres mettent également à nu une vérité flagrante : le monde échoue à protéger le personnel humanitaire et, par extension, les personnes qu’ils servent. Car la protection du personnel humanitaire n’est pas une finalité en soi, mais une condition sine qua non pour assurer une aide humanitaire efficace à destination des populations civiles victimes de conflits ou de catastrophes naturelles. En réponse à cette détérioration, le Conseil de sécurité de l’ONU, sous l’impulsion de la Suisse, a adopté la résolution 2 730 en mai, condamnant fermement les violences contre le personnel humanitaire et rappelant les obligations légales des Etats à « respecter et protéger » le personnel humanitaire inscrit dans les conventions de Genève et de leurs protocoles additionnels, piliers du droit international humanitaire.
Alors que nous marquons le 75e anniversaire des conventions de Genève, la communauté internationale doit aller plus loin. Elle peut prendre des mesures concrètes pour inverser cette tendance préoccupante. L’ONG Protect Humanitarians identifie trois recommandations urgentes et complémentaires qui permettraient de mieux protéger et soutenir les travailleurs humanitaires – en particulier nos collègues nationaux, qui sont en première ligne.
Combattre l’impunité des auteurs de violences
Les auteurs de violences contre les humanitaires jouissent d’une impunité quasi totale. Pour y remédier, il est impératif que ces crimes soient davantage poursuivis en justice. En conséquence, il faut renforcer l’accès à l’information juridique pour les organisations humanitaires et développer des moyens permettant d’offrir une aide juridique directe et gratuite aux humanitaires survivants ou aux familles des victimes.
En complément, une pression diplomatique internationale est indispensable pour inciter les Etats à agir contre les responsables et à coopérer avec les juridictions compétentes pour de tels crimes. Ces efforts soutiendront les organisations humanitaires touchées par des incidents ainsi que les humanitaires victimes. A long terme, ils ont le pouvoir de réduire l’impunité et dissuader de futurs actes de violence contre le personnel humanitaire.
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