Une lettre, publiée dans le Financial Times le 16 avril, a provoqué une déflagration dans la communauté juive britannique, mettant au jour ses profondes divisions à propos de la situation à Gaza. « En tant que Juifs britanniques, nous ne pouvons rester silencieux plus longtemps au sujet de la guerre à Gaza », y affirment 36 des 300 membres du Board of Deputies of British Jews (BoD), l’organe le plus représentatif des juifs au Royaume-Uni, rompant avec la ligne adoptée depuis le 7 octobre 2023 par cette vénérable institution, fondée à Londres en 1760, de ne pas critiquer publiquement le gouvernement Nétanyahou. Rappelant leur « profond amour pour Israël », les signataires – dont Harriett Goldenberg, la présidente adjointe du BoD, chargée des affaires internationales du BoD – condamnent l’« extrémisme » du gouvernement israélien, qui a « choisi » de rompre le cessez-le-feu à Gaza, le 18 mars, et « encourage ouvertement » la violence en Cisjordanie.
Dans The Jewish Chronicle, le 21 avril, Harriett Goldenberg dit espérer que la lettre va « libérer » ceux qui n’osaient pas s’exprimer jusqu’alors. Comme si les verrous du silence avaient effectivement sauté dans la deuxième communauté juive d’Europe derrière la française (environ 272 000 Britanniques se déclarent juifs, selon le recensement de 2021), trente rabbins ont signé une courte missive, publiée dans le Financial Times le 25 avril, assurant être « eux aussi horrifiés » par « la relance de l’offensive israélienne à Gaza ». « Nous estimons qu’il est de notre devoir de rappeler aux dirigeants israéliens que selon la doctrine juive, la guerre ne peut jamais être menée à des fins de vengeance ou d’expansion », expliquent ces responsables religieux, appartenant aux courants libéral ou réformiste (plutôt à gauche). Selon nos informations, une troisième prise de parole très critique d’Israël, émanant d’artistes juifs britanniques, est sur le point d’être rendue publique.
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