La consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers en 2023 est la plus faible enregistrée en France depuis 2009, selon les données du centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), publiées mardi 13 mai.
En 2023, 19 263 hectares d’espaces naturels ont été consommés, en baisse de 4,8 % par rapport à 2022, soit la plus faible consommation enregistrée depuis la première mesure, réalisée en 2009.
Depuis 2019, la tendance est à une « stabilisation du rythme » autour de 20 000 hectares, mais ce rythme « demeure élevé », observe l’établissement public, qui publie chaque année un décompte pour le ministère de l’aménagement du territoire en utilisant des données issues de la taxe foncière. Entre 2011 et 2023, plus de 297 000 hectares ont ainsi été consommés, ce qui correspond à la surface de l’île de La Réunion.
En dix ans, l’efficacité de la construction a progressé de 30 %, « un hectare consommé en 2021 permettant de construire 2 435 mètres carrés de bâti en 2021, contre 1 950 mètres carrés en 2011 », résultat des « efforts croissants de recyclage et de densification urbaine », souligne le Cerema. Or 64 % des espaces naturels consommés depuis 2011 l’ont été pour de l’habitat, 23 % pour des activités économiques et 7 % pour des infrastructures.
Perte de biodiversité
A noter que 60,7 % de cette consommation d’espaces se situe dans des petites communes et dans des communes où l’offre de logements est suffisante. Mises bout à bout, « des petites opérations de deux à trois hectares ont ainsi contribué fortement à la consommation nationale », observent les auteurs. Les 38 % restants correspondent à la deuxième couronne des villes et aux littoraux.
La bétonisation des sols est le principal facteur de perte de biodiversité. Elle contribue au dérèglement climatique et en accélère les effets, les sols naturels ayant un rôle de puits de carbone et de filtration de l’eau.
La prise de conscience de l’importance des sols a conduit à l’adoption de la loi Climat et résilience en 2021, qui a fixé pour objectif d’atteindre la sobriété foncière en 2050, ou « zéro artificialisation nette des sols » (ZAN), avec un objectif intermédiaire de réduction de moitié de la consommation d’espaces naturels d’ici à 2031 par rapport à la décennie précédente.
Le Sénat a adopté en mars en première lecture un texte qui assouplit nettement les modalités de la lutte contre l’étalement urbain, suscitant les critiques d’une partie de la gauche et des associations écologistes. Le texte n’est pas encore inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale.