Au palais de justice de Dijon, dans la salle des pas perdus, Florent lance une vidéo sur son smartphone. On y voit un gros tube de métal rougeoyant, en cours de fabrication à l’usine Valti de Montbard, dans le nord-ouest de la Côte-d’Or. « On chauffe à 1 250 °C, c’est très, très chaud », raconte ce technicien en laminage de 49 ans, qui ne souhaite pas que son nom soit mentionné. Il sait qu’on parlera désormais de tout cela au passé : mardi 4 février, l’entreprise de 132 salariés, spécialiste du tube sans soudure, a été placée en liquidation.
Devant le tribunal où sont réunis une vingtaine de syndicalistes, pas de larmes ni d’éclats. Leurs espoirs quant à l’avenir de ce fleuron de la métallurgie – dont les tubes servaient notamment à fabriquer des roulements pour le secteur automobile – s’étaient amenuisés depuis plusieurs mois. De 2022 à 2023, selon le site d’informations légales Pappers, le chiffre d’affaires avait chuté de 69 millions à 50 millions d’euros.
Née dans les années 1960, Valti, une entité de Vallourec, avait été cédée en 2022 à un fonds de retournement allemand, Mutares, une de ces sociétés d’investissement spécialisées dans la reprise, le redressement puis la revente d’entreprises en difficulté. Le métallurgiste a ensuite été acquis en janvier 2024 par celui qui sera son dernier dirigeant, François Martin.
« Nous avons cherché à sortir Valti de sa très forte dépendance au secteur automobile en se repositionnant sur des marchés plus techniques », explique-t-il. Comme l’armement, les vérins ou l’énergie. Mais l’entreprise a perdu son plus gros client en décembre 2023, tandis qu’un autre a annoncé un peu plus tard la fermeture de son usine, détaille François Martin, et « [ils] n’[ont] pas trouvé de relais de croissance assez vite ».
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