En refusant, mercredi 9 avril, de remettre à la Hongrie le militant antifasciste Rexhino Abazaj, alias « Gino », invoquant « des risques » d’un « traitement inhumain » en prison et l’incertitude qu’un procès équitable lui sont garanti, la justice française a infligé un camouflet à son homologue hongroise. Militant pour le droit au logement, « Gino » est accusé par la Hongrie, comme une dizaine d’autres personnes, d’avoir « brutalement attaqué des néonazis » en février 2023 lors d’une commémoration organisée par ces activistes d’extrême droite à Budapest.
La Hongrie avait émis un mandat d’arrêt européen à son encontre en novembre 2023. Arrêté à Paris en novembre 2024, « Gino », qui encourt vingt-quatre ans d’emprisonnement en Hongrie, avait été incarcéré puis remis en liberté sous contrôle judiciaire le 26 mars. La justice française avait, en outre, demandé un supplément d’informations aux autorités hongroises avant de se prononcer.
La réponse détaillée de la Hongrie n’a pas satisfait la chambre des extraditions de la cour d’appel de Paris. C’est notamment sur la question des conditions de détention que cette dernière a estimé que la Hongrie risquait de violer la Convention européenne des droits de l’homme. Ainsi, Budapest a admis que « Gino » serait placé à l’isolement « pour sa protection personnelle ». Sauf qu’il n’existe pas aujourd’hui de différence entre l’isolement disciplinaire et sécuritaire, souligne la cour d’appel dans son arrêt, citant des observations du Conseil de l’Europe. D’autant plus que, à l’isolement, la prison hongroise peut avoir recours à « la vidéosurveillance en continu » pendant « une longue durée ».
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