Une profonde dysharmonie entre ce que l’on voit et ce que l’on entend. Voilà ce que l’on pouvait ressentir, le matin du vendredi 10 janvier, sous les dorures de la Grand’chambre de la Cour de cassation, à l’occasion de sa traditionnelle audience solennelle. Ce rituel protocolaire de début d’année est l’occasion pour les deux plus hauts magistrats de France, Christophe Soulard, le premier président, et Rémy Heitz, le procureur général, de délivrer quelques messages à fort contenu politique, devant les représentants des plus grandes institutions judiciaires (Conseil d’Etat, Conseil constitutionnel… ), mais surtout devant le premier ministre, François Bayrou, et son garde des sceaux, Gérald Darmanin, tous les deux assis au premier rang. Leur discours, d’une demi-heure chacun, a créé un étonnant effet de contraste avec le décorum et le protocole tout en magnificence de la Cour de cassation. Car c’est bien une justice malade et qui « va dans le mur », pour reprendre l’expression de Rémy Heitz, que les deux magistrats ont pris soin de décrire.
« Concrètement, ce sont des magistrats et des greffiers qui travaillent au-delà du raisonnable, des audiences criminelles qu’on ne peut plus organiser faute de conseillers ou de salles d’audience, des conditions de travail difficiles et parfois dangereuses pour le personnel pénitentiaire, et des conditions de vie pouvant être indignes pour les détenus », a introduit Christophe Soulard, avant d’évoquer une justice au bord du burn-out généralisé.
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