« Face à la gravité de la menace que représente la croissance du narcotrafic, le dispositif actuel, en dépit des efforts accomplis, reste inadapté ». La Cour des comptes a publié, mardi 26 novembre, un rapport consacré aux services impliqués dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, au premier rang desquels l’office antistupéfiants (Ofast) de la police nationale. Et le constat dressé par l’institution de la rue Cambon se veut mitigé. Malgré la montée en puissance de cet office, la réponse apportée au narcotrafic manque d’organisation et de moyens.
Contrairement à son prédécesseur, l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, qui n’était qu’un service de police judiciaire parmi d’autres, l’Ofast a été créé en 2020 pour devenir le chef de file de la lutte contre le narcotrafic. Et ainsi mettre un peu d’ordre parmi la multitude de services impliqués, entre lesquels une rivalité néfaste a pu parfois régner : douanes, gendarmerie, renseignement, services pénitentiaires, etc.
« L’ensemble des acteurs conviennent de son rôle », notent les rapporteurs. L’office assume également le rôle d’« interlocuteur international privilégié », en lien avec les services étrangers ainsi qu’avec les agences européennes ou internationales. « Le travail de coopération mené tant par les agents du pôle renseignement que par le groupe en charge de la coopération internationale s’avère efficace », souligne le rapport.
Pour assumer ces différentes charges, l’office a vu ses effectifs et son budget croître. En 2023, il bénéficiait de 678 agents et d’un budget de 55 millions d’euros, contre 318 agents et 36 millions d’euros en 2020. « Cet élan opérationnel s’est traduit par une hausse de l’activité judiciaire », pointe la Cour des comptes. En 2022, l’Ofast a participé à 1 500 procédures judiciaires, contre moins de 500 en 2020.
Pas assez d’enquêteurs spécialisés
Mais cette dynamique souffre de certains freins. Rattaché à la direction nationale de la police judiciaire, l’Ofast ne gère pas lui-même son budget, et manque d’information sur l’ensemble de ses moyens matériels et humains, regrettent les rapporteurs. En matière d’organisation, la Cour des comptes déplore « une réelle étanchéité » entre les informations récoltées par les quinze antennes et neuf détachements de l’Ofast, et son bureau central. « L’Ofast central priorise les enquêtes à portée internationale et laisse le traitement des affaires locales à son réseau territorial (…) sans que le partage d’informations (…) soit encore réellement formalisé. »
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