L’annonce, vendredi 16 mai, que Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale (CPI), s’est « temporairement retiré » de ses fonctions constitue une étape nécessaire face à une crise d’une ampleur considérable. Mais ce geste ne saurait clore l’affaire. Au contraire, il ne fait que souligner l’urgence de conclure rapidement l’enquête en cours menée par les Nations unies et la nécessité, pour les organes de gouvernance de la Cour, de dissiper l’ombre des soupçons qui pèse actuellement sur l’institution.
Depuis sa création, il y a un quart de siècle, la CPI est régulièrement attaquée pour avoir voulu demander des comptes aux plus puissants. Ces dernières années, on l’a accusée d’appliquer des standards à deux vitesses en s’abstenant de poursuivre les responsables de puissances occidentales. Elle a été la cible de cyberattaques contre ses systèmes informatiques, et ses juges ont été visés par des mandats d’arrêt russes. En février, le président américain, Donald Trump, a imposé des sanctions, notamment l’interdiction de voyager et le gel des avoirs, au procureur et à toute personne collaborant avec lui.
Aujourd’hui, la CPI est confrontée à une menace interne grave qui doit être traitée immédiatement si l’institution veut survivre. Des allégations accablantes ont émergé selon lesquelles le procureur, Karim Khan, aurait contraint sexuellement une membre de son personnel, puis se serait vengé sur la victime et d’autres personnes pour dissimuler l’affaire.
La CPI rend des comptes aux 125 pays qui forment l’Assemblée des Etats parties (AEP) du statut de Rome. Il leur incombe de protéger la Cour et sa crédibilité. Une institution qui tire son autorité de sa légitimité morale ne peut se permettre de l’entacher en ignorant ces allégations ou en laissant l’enquête s’éterniser. Et une Cour qui poursuit les crimes les plus graves – y compris le viol – ne peut le faire si son propre procureur est accusé de tels actes de manière crédible.
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