En français, « merde ! » est ambivalent : il peut être employé pour se désoler d’un événement peu enviable ou exprimer un sincère encouragement avant une épreuve. La une de The Economist, à paraître samedi 7 décembre, qui fait du mot de Cambronne sa couverture, peut être comprise dans les deux sens. Ecrit sur un panneau de métro parisien – un candélabre Dervaux –, le magazine choisit pour sous-titre : « La France entre dans l’inconnu ». Chacun sera libre de son interprétation.
De même que l’hebdomadaire britannique, la presse internationale a cherché à traduire la « crise politique profonde » qui frappe la France, à la suite de la chute du gouvernement de Michel Barnier après avoir engagé sa responsabilité sur le budget de la Sécurité sociale. Et s’inquiète de ses conséquences économiques et diplomatiques, dans un contexte de secousses internationales multiples.
Dans le brouillard qui masque l’avenir du pays, « une chose est claire : la paralysie risque de déclencher une nouvelle vague de détresse dans l’une des plus grandes économies européennes », pose Liz Alderman du New York Times (NYT). La correspondante économique du NYT énumère les symptômes d’une économie malade : des prévisions de croissance à la baisse, une cascade de plans sociaux et des faillites d’entreprise en masse, la confiance des consommateurs qui baisse, le ralentissement des investissements, des taux d’intérêt élevés, une incertitude sur le marché du travail, une hausse du coût de l’énergie, des grèves dans plusieurs secteurs… Par-dessus tout, « une dette et un déficit en plein essor, le résultat de dépenses publiques débridées de M. Macron depuis les confinements ».
Une telle situation économique et l’absence de gouvernement, avec la possibilité d’une crise institutionnelle chronique, « ouvre un sombre chapitre pour la France », augure The New York Times. L’autre grand quotidien américain, The Washington Post (WaPo), établit le même diagnostic sans pour autant trouver de remède immédiat : « Le problème est qu’il n’existe pas de personnalités évidentes qui pourraient former un gouvernement stable. De nouvelles élections législatives susceptibles de modifier la dynamique politique ne pourront pas avoir lieu avant l’été. Et sans gouvernement en place, la France ne pourrait pas combler le déficit béant de ses finances publiques, ni résoudre l’incertitude qui pourrait effrayer les marchés et peser sur les autres économies de la zone euro. »
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