Début juillet, le parc départemental Georges-Valbon à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) a été le théâtre d’un week-end festif, joyeux et coloré, à la faveur de l’événement Multitude. Cette biennale interculturelle, organisée par le département, a pour objectif de mettre en lumière l’immense richesse créative que tire notre territoire de sa diversité. Un public nombreux, mêlant toutes les générations et toutes les origines sociales et culturelles, s’est retrouvé pour vibrer ensemble. Et tout cela, entièrement gratuitement !
S’agit-il d’un petit miracle, alors que le modèle économique des festivals a été considérablement fragilisé sous l’« effet ciseau » de l’envolée des charges et de la baisse des subventions des collectivités ? Non, nulle thaumaturgie ou intervention providentielle : ce succès est le fruit d’un volontarisme politique. Le département de la Seine-Saint-Denis a fait le choix de maintenir un soutien élevé à la culture parce qu’il la considère comme un bien essentiel.
Au-delà de ce festival, en Seine-Saint-Denis, malgré un contexte budgétaire contraint, nous avons décidé de sanctuariser, et même d’augmenter les crédits liés à la culture – parce qu’elle est un levier indispensable pour nos politiques publiques. Elle l’est dans nos politiques éducatives par l’éducation artistique et culturelle, dans nos politiques de solidarité et d’insertion par son pouvoir émancipateur et sa capacité à créer du commun, ou encore dans nos politiques d’aménagement en mettant l’art au cœur de l’espace public. La culture aujourd’hui peut ainsi être le lieu du décloisonnement des politiques publiques.
La censure progresse
Nous sommes convaincus que la culture et les arts ont un rôle crucial à jouer pour lutter contre les fractures économiques et sociales, mais aussi pour faire société. Cette vision n’est malheureusement pas dominante : trop souvent, la culture est envisagée comme du superflu qui, dans des circonstances plus difficiles, devient alors une variable d’ajustement budgétaire. Il est temps pour la puissance publique de considérer la culture non pas comme un supplément d’âme, mais comme un service public essentiel qu’il est impératif de sauvegarder.
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