Amis des boîtes de nuit, et pour peu que vous puissiez regarder la vidéo qui l’accompagne, cette chronique est faite pour vous. Sur ces images, filmées en laboratoire, des petites tortues caouannes, nées depuis un ou deux mois, fouettent l’eau avec leurs palettes natatoires, tournent sur elles-mêmes, tête en l’air, bouche ouverte, comme prises d’un mouvement frénétique. Pas de musique sur l’enregistrement réalisé par le département de biologie de l’université de Caroline du Nord, à Chapel Hill, ni de lumière stroboscopique façon boule à facettes. Cette danse silencieuse ne répond qu’à un signal magnétique. Un signal que vous et moi ne pourrions évidemment pas percevoir, mais auquel les reptiles juvéniles sont sensibles et qu’ils ont appris à associer à de la nourriture.
Dans la nature, ces mouvements n’ont jamais été observés. Sans doute n’existent-ils pas. Rien à voir avec la fameuse danse des abeilles, par laquelle les butineuses codent et se transmettent les coordonnées des sources alimentaires. Mais, en laboratoire, le message est limpide : « Nous avons faim. » Et précieux. Grâce à cette danse, le laboratoire de Kenneth Lohmann a établi que les tortues pouvaient apprendre à reconnaître et à mémoriser des signatures magnétiques, une nouvelle étape dans la compréhension des migrations de ces animaux emblématiques. Ces résultats ont été publiés mercredi 12 février dans la revue Nature.
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