En 1992, Francis Fukuyama publiait son célèbre La Fin de l’histoire et le dernier homme [Flammarion], livre dans lequel il observait que les Etats, du moins sur le papier, étaient parvenus à un consensus sur les principes de la démocratie de type américain. Des événements historiques pouvaient bien encore se produire, l’histoire était néanmoins arrivée à sa fin, avec le triomphe de l’Amérique et de son mode de vie, devenu l’idéal suprême de l’humanité.
A peine plus de trois décennies plus tard, l’humanité entière assiste aujourd’hui avec saisissement à l’écroulement de cette illusion : la démocratie est aujourd’hui sapée non par un quelconque « Etat voyou » sur l’« axe du mal », mais par les Etats-Unis eux-mêmes, lancés dans un élan suicidaire inédit parmi les sociétés humaines. La destruction subite, et de l’intérieur de surcroît, de l’ADN d’une société qui était jusqu’à présent le porte-drapeau de nos aspirations à la liberté, à la démocratie et aux droits humains ne peut être assimilée qu’à ce moment où une personne apprend, stupéfiée, qu’elle est atteinte d’un cancer. C’est l’impossible devenu soudain une réalité hallucinante, « le jour où la terre s’arrêta ».
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