« Entre le moment où vous arrivez à l’aéroport et celui où vous passez dans la salle d’embarquement, il ne se passe que dix minutes à peine. » Vincent Bouatou détaille la rapidité avec laquelle il est possible de prendre un avion à Singapour, sans exhiber de passeport ni de carte d’embarquement. Une facilité permise, selon le directeur de la technologie du groupe français Idemia Public Security, par la biométrie de l’iris et la reconnaissance faciale.
« Ce qu’ils ont fait à Changi est inégalé dans le monde », estime-t-il, fier du rôle de son groupe, expert en la matière. D’autant que la cité-Etat pourrait lui offrir d’autres débouchés. « Chaque jour, beaucoup de frontaliers font des allers-retours à deux-roues entre Singapour et la Malaisie, poursuit-il. Pour les motards, enlever leurs gants, c’est un peu long. »
Cela se passe à Singapour, mais aussi en Chine, dans les pays du Golfe, aux Etats-Unis… Qu’il s’agisse d’aéroports, de transport, de contrôle aux frontières, de résolution d’affaires criminelles et bien plus encore, au fil des années, la reconnaissance faciale n’a cessé de se banaliser dans le monde. En témoignent les perspectives de ce marché, où rivalisent souvent en toute discrétion de grands groupes comme Panasonic, NEC, Thales ou Microsoft, et qui pourrait peser 18 milliards de dollars (15,4 milliards d’euros) en 2030, contre 8 milliards aujourd’hui, selon plusieurs cabinets de conseil.
Côté pile, scanner un visage peut se faire à la volée, de manière plus fluide et pratique qu’un recueil d’empreintes digitales ou que l’encodage d’un iris. Mais, côté face, c’est aussi la biométrie « la plus hautement sensible », comme le rappelle la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), l’autorité française de la protection de la vie privée. « Si l’on vous vole votre Carte bleue, la banque peut vous donner un autre code. Si vous vous faites pirater votre identité biométrique, en revanche, vous ne pourrez pas changer de visage », insiste Thomas Dautieu, son directeur de l’accompagnement juridique.
Il vous reste 83.88% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
