« La Doctrine du consentement » (El sentido de consentir), de Clara Serra, traduit de l’espagnol par Etienne Dobenesque, La Fabrique, 160 p., 13 €.
Souvent présenté comme une réponse idéale aux violences sexuelles et aux rapports de domination entre les hommes et les femmes, le consentement s’est imposé au cœur de l’actualité, plus particulièrement depuis le début du mouvement #MeToo. En France, des militantes veulent faire apparaître le terme dans la loi. En Espagne, il a conduit à l’adoption, en septembre 2022, de la « loi organique de garantie intégrale de la liberté sexuelle », plus connue sous le nom de loi « solo si es si » (« seul un oui est un oui »). A ce texte, la philosophe et militante féministe espagnole Clara Serra, ancienne élue régionale du parti de gauche radicale Podemos, dont elle s’est éloignée, s’est fermement opposée.
Son livre La Doctrine du consentement, qui a connu un grand succès à sa parution en Espagne, en 2024, prolonge ce débat et explicite la position de la chercheuse à l’université de Barcelone, qui entend faire apparaître le « problème politique et théorique que pose la question du consentement ». Elle rappelle que la notion divise encore largement les féministes. Le malentendu, selon elle, commence quand on fait du consentement une « idée claire et distincte ». Elle pense, à l’instar de la philosophe Geneviève Fraisse, dans Du consentement (Seuil, 2007), qu’il est au contraire fondamental de prendre en compte son « ambiguïté considérable », en tentant de cerner « quelles sont ses limites, ses conditions, son rapport avec le désir, où s’arrêtent son pouvoir et sa validité ».
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