Le second mandat du président américain Donald Trump n’a que quatre mois, mais déjà émerge une nouvelle doctrine de politique étrangère. Comme bien d’autres d’aspects de sa présidence, elle marque une rupture importante dans la politique étrangère américaine. Avec la doctrine Monroe (1823), les Etats-Unis ont décrété qu’ils seraient la puissance dominante sur l’ensemble du continent américain ; au début de la guerre froide, la doctrine Truman (1947) a assuré le soutien américain aux pays luttant contre le communisme ; la doctrine Carter (1980) a indiqué que le pays empêcherait toute puissance extérieure de prendre le contrôle de la région du golfe Persique, etc. Toutes ces doctrines ont en commun de signaler où se situent les intérêts vitaux des Etats-Unis. Il s’agit de rassurer les amis, de dissuader les ennemis et de mobiliser les administrations chargées de la sécurité nationale.
La doctrine Trump n’a pas été explicitement mise en avant, mais elle commence à apparaître. On pourrait l’appeler la doctrine « look the other way » (« regardons ailleurs »). Elle envoie le message que les Etats-Unis seront désormais indifférents à la manière dont les pays se comportent à l’intérieur de leurs frontières.
L’administration Trump s’est ainsi abstenue de critiquer le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors de l’arrestation de son principal opposant politique ; elle a fermé les yeux quand le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a affaibli le pouvoir judiciaire ou quand le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a sapé les institutions démocratiques. Elle peut certes critiquer la politique étrangère de Vladimir Poutine ou de Xi Jinping, mais elle n’évoque jamais la répression qu’ils infligent à leurs propres peuples. Elle a dégradé de nombreux outils américains servant à la promotion de la vie démocratique dans le monde, tels que Voice of America, l’Usaid (l’Agence américaine pour le développement) et le National Endowment for Democracy.
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