La demande officielle de « transfèrement » de Serge Atlaoui, un Français condamné à mort en Indonésie en 2007 pour trafic de drogue, a été transmise aux autorités du pays.
« Nous avons reçu une lettre officielle demandant le transfèrement de Serge Atlaoui le 19 décembre. La lettre a été envoyée au nom du ministre français de la justice », a déclaré, samedi 28 décembre, à l’Agence France-Presse (AFP), Yusril Ihza Mahendra, ministre en charge des affaires juridiques et des droits humains indonésien. Contactée par l’AFP, l’ambassade de France à Djakarta n’a pas souhaité commenter cette annonce.
Serge Atlaoui, âgé de 61 ans, avait été arrêté en 2005 dans une usine où de la drogue avait été découverte, en banlieue de Jakarta, les autorités l’accusant d’être un « chimiste ». L’artisan soudeur venu de Metz et père de quatre enfants, s’est toujours défendu d’être un trafiquant de drogue, affirmant qu’il n’avait fait qu’installer des machines industrielles dans ce qu’il croyait être une usine d’acrylique.
Des discussions « début janvier »
L’affaire avait fait grand bruit en Indonésie où la législation antidrogue est l’une des plus sévères du monde. Initialement condamné à la prison à vie, il avait vu la Cour suprême alourdir la sentence, le condamnant à la peine capitale en appel. Il devait être exécuté aux côtés de huit autres condamnés en 2015, mais a obtenu un sursis temporaire après que Paris a intensifié la pression, les autorités indonésiennes ayant accepté de laisser un appel en suspens suivre son cours.
« Dans la mesure où nous sommes en période de congés de fin d’année, nous discuterons du contenu de la lettre début janvier », a ajouté M. Yusril. Une discussion « plus détaillée » sera menée par des responsables relevant du ministère. De même, le ministère de la justice français pourrait également impliquer des personnels de l’ambassade de France à Jakarta, selon M. Yusril.
M. Yusril avait dit, fin novembre, que la France avait transmis une première demande à l’Indonésie. Le ministère français de la justice avait alors sollicité Jakarta pour obtenir une série de documents afin de préparer la demande officielle de transfèrement, selon une source proche du dossier.
Joint alors par l’AFP, son avocat français Richard Sédillot avait déclaré que « l’idée que sa peine puisse aujourd’hui être commuée, et que son transfert puisse être ensuite ordonné, constitue un espoir considérable ».
Cinq Australiens rapatriés dans leur pays mi-décembre
L’Indonésie qui possède l’une des législations antidrogue les plus sévères du monde, compte actuellement au moins 530 condamnés dans le couloir de la mort, selon l’association de défense des droits Kontras, citant des données officielles. Parmi eux, plus de 90 étrangers, dont deux femmes, selon le ministère de l’immigration et des services correctionnels.
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Une Philippine de 39 ans, Mary Jane Veloso, arrêtée en 2010 et également condamnée à la peine capitale pour trafic de drogue, a été rapatriée aux Philippines à la mi-décembre, après un accord entre les deux pays. Par ailleurs, cinq Australiens membres des « neuf de Bali », arrêtés sur l’île touristique en 2005 pour trafic de drogue et condamnés à de lourdes peines de prison, ont été rapatriés dans leur pays le 15 décembre.
Un autre Français, Félix Dorfin, arrêté sur l’île touristique de Lombok, avait été condamné, au-delà des réquisitions, à la peine de mort en 2019 également pour un trafic de drogue qu’il a toujours nié. La sentence a ensuite été commuée en une peine de dix-neuf années de prison, qu’il purge actuellement.
Selon l’association ECPM, en plus de M. Atlaoui, au moins quatre Français sont actuellement condamnés à mort dans le monde : deux hommes condamnés au Maroc et un en Chine ainsi qu’une femme en Algérie.
Les dernières exécutions capitales en Indonésie remontent à 2016 : un Indonésien et trois Nigérians, condamnés pour trafic de drogue, avaient été fusillés.