La France insoumise (LFI) et Jean-Luc Mélenchon fascinent nombre de commentateurs qui louent le talent de ce dernier, son sens politique, son habileté et sa vision stratégique. Cela est paradoxal tant les résultats électoraux de 2024 ne vont pas en ce sens, et tant l’image du mouvement ainsi que celle de son leader se sont considérablement dégradées dans l’opinion au cours des derniers mois. La vaste enquête postélectorale menée par Ipsos pour Le Monde, le centre de recherches politiques de Sciences Po, l’Institut Montaigne et la Fondation Jean Jaurès en témoigne et permet de documenter cette évolution.
Les Français interrogés portent un jugement particulièrement critique sur LFI : 74 % estiment qu’il s’agit d’une formation d’extrême gauche, soit une progression de 9 points par rapport à l’enquête « Fractures Françaises » réalisée par Ipsos-Sopra Steria en septembre 2023, 72 % qu’elle attise la violence (+ 12 points) et 69 % qu’elle est dangereuse pour la démocratie (+ 12 points). Inversement, sur les dimensions positives, les niveaux sont faibles et en retrait : 36 % seulement jugent que ce parti est prêt à prendre des mesures impopulaires si elles sont bonnes pour le pays (− 2 points en un an), 26 % qu’il est proche de leurs préoccupations (− 3 points), 22 % qu’il est capable de gouverner le pays (− 6 points) et 22 % que la société qu’il prône est globalement celle dans laquelle ils aimeraient vivre (− 3 points).
Quant à l’idée qu’il serait injustement diabolisé, 25 % seulement des sondés y adhèrent. En résumé, cette formation s’est extrémisée et suscite un très fort rejet. Point remarquable : quelle que soit la variable sociologique analysée, les jugements critiques sont toujours majoritaires et massifs, avec peu d’écart à la moyenne sauf auprès de deux populations : les jeunes et notamment les 18-24 ans (50 % « seulement » estiment que La France insoumise est dangereuse pour la démocratie et 51 % qu’elle attise la violence), et les Français musulmans. Chez ces derniers, les jugements sont positifs, avec 75 % d’entre eux qui considèrent qu’elle n’attise pas la violence, 76 % qu’elle n’est pas dangereuse pour la démocratie et 70 % qu’elle est proche de leurs préoccupations.
Désextrémisation du RN
Politiquement, si le rejet de LFI est extrêmement puissant chez les sympathisants de l’ex-majorité présidentielle, de ceux du parti Les Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN) – entre 85 % et 90 % de jugements négatifs –, il est néanmoins également fort chez les sympathisants du Parti socialiste (PS) sur certaines dimensions-clés : 69 % notamment la qualifient de formation d’extrême gauche, 68 % estiment qu’elle attise la violence et 57 % qu’elle est dangereuse pour la démocratie. De quoi interpeller.
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