C’est une étude en forme de cri d’alarme qu’une équipe pluridisciplinaire de chercheurs a publiée lundi 4 août dans PNAS, la revue de l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis. « La fraude scientifique se développe beaucoup plus vite que la production scientifique dans son ensemble », lit-on dans cet article dont le premier auteur, Reese Richardson, est chercheur en biologie computationnelle à l’université Northwestern, dans l’Illinois.
Pour cet imposant travail, ces mathématiciens et autres biologistes ont, par exemple, passé au crible 276 956 articles publiés entre 2006 et fin 2023 dans PLOS One, une revue en ligne à comité de lecture, et ont suivi 134 983 auteurs et 18 329 éditeurs relecteurs ayant validé ces articles. Cette revue américaine a été choisie non pas en raison de suspicions spécifiques, mais parce que les métadonnées associées aux articles qu’elle publie sont transparentes et exploitables.
Qu’ont-ils constaté ? Que certains filtres censés garantir le processus de relecture par les pairs, principe au cœur de la confiance dans l’édition scientifique, étaient défectueux. Ou pire encore, étaient gagnés par des pratiques frauduleuses.
Des résultats aberrants
L’étude mentionne ainsi 45 éditeurs de PLOS One qui avaient un taux anormalement élevé de publications qu’ils avaient acceptées et qui ont été ultérieurement rétractées ou critiquées sur PubPeer, le site de référence en matière d’évaluation par les pairs après parution. Ces éditeurs (0,25 % de l’ensemble des éditeurs de la revue) « ont édité 1,3 % de tous les articles publiés dans PLOS One, mais 30,2 % des articles rétractés ». Information aggravante, plus de la moitié d’entre eux sont également auteurs d’articles publiés par PLOS One qui ont été ultérieurement rétractés. La rétractation d’un article est le plus souvent motivée par les fautes professionnelles des auteurs (comme des données falsifiées ou le plagiat), ou les fautes des éditeurs, telles que l’absence de contrôle qualité minimal des travaux soumis.
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