Dans une petite pièce réfrigérée de l’Université libre de Bruxelles, des scientifiques découpent des carottes glaciaires antarctiques vieilles de dizaines de milliers d’années, première étape d’un long jeu de piste pour décrypter le réchauffement climatique.
Au cœur de ces cylindres de glace, de minuscules bulles d’air offrent un instantané de l’atmosphère terrestre telle qu’elle était à cette lointaine époque. Analyser « les climats du passé » permet de comprendre ce qui « pourrait arriver dans le futur » sur la planète, explique Harry Zekollari, glaciologue à l’Université de Bruxelles.
Ce chercheur fait partie d’une équipe de quatre personnes qui s’est rendue en Antarctique en novembre 2024. « Comme dans une chasse au trésor », il traque les glaces les plus anciennes du monde.
Un tel trésor pourrait fournir des données cruciales sur les effets du réchauffement climatique. Les projections climatiques reposent notamment sur les données existantes au sujet des températures passées et des gaz à effet de serre dans l’atmosphère — mais il manque des pièces au puzzle.
A la fin du siècle, les températures pourraient atteindre des niveaux similaires à ceux connus par la planète entre 2,6 et 3,3 millions d’années en arrière, explique Etienne Legrain, paléoclimatologue à l’Université de Bruxelles. Mais à ce jour, peu de données existent sur les niveaux de CO2 de cette époque, pourtant clé pour comprendre à quel point le réchauffement risque de s’amplifier.