En enjoignant à l’Etat, mercredi 3 septembre, de remettre en chantier l’évaluation des risques des pesticides pour les abeilles, les pollinisateurs et les autres organismes non ciblés, la Cour administrative d’appel de Paris prend acte des nombreuses alertes scientifiques qui s’accumulent depuis plus de vingt ans.
L’incapacité des procédures réglementaires à identifier les dégâts des pesticides sur la biodiversité est connue de longue date des firmes, des scientifiques et des agences d’expertise : le maintien de ces méthodes de test déficientes n’est pas le fruit de la négligence ou de l’ignorance des décideurs – à l’échelon national comme européen –, mais d’une volonté de ne pas trop entraver l’entrée sur le marché de nouvelles substances, même dangereuses pour la biodiversité.
Réuni en 2001 par le ministère de l’agriculture, le premier groupe d’experts à s’être penché sur le premier des insecticides néonicotinoïdes (l’imidaclopride), avait déjà identifié le problème il y a 22 ans. Dans son rapport de 2003, le comité scientifique et technique de l’étude multifactorielle des troubles de l’abeille (CST) constatait l’inanité des procédures réglementaires en vigueur, et appliquait sa propre méthode d’évaluation à l’imidaclopride. Le CST estimait alors que les abeilles pouvaient être exposées, en situation réelle, à des doses jusqu’à 190 fois plus élevées – et plus de 3 000 fois dans les cas extrêmes – que les plus petites doses délétères. Les tests réglementaires, eux, ne décelaient aucun problème.
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