La cour d’appel de Paris a refusé mercredi 14 mai d’extrader un opposant et haut responsable du Mouvement d’autodétermination de la Kabylie (MAK), Aksel Bellabbaci, réclamé par l’Algérie, qui l’accuse d’« actes terroristes ». La demande d’extradition des autorités algériennes est « sans objet », a annoncé le président de la chambre des extraditions en annonçant la décision de la cour.
De brefs applaudissements ont retenti dans la salle à l’annonce de la décision. « C’est un grand soulagement, c’est un beau jour pour la justice française. Je pourrais dire que c’est un triste jour pour la justice algérienne, sauf qu’il n’y a pas de justice en Algérie, tant que la dictature algérienne continuera à opprimer ses citoyens, notamment le peuple kabyle », a réagi l’avocat d’Aksel Bellabbaci, Me Gilles-William Goldnadel.
Aksel Bellabbaci, 42 ans, est accusé par la justice de son pays de 14 infractions, dont certaines lui font encourir la peine de mort. Si la peine capitale est prévue par le code pénal algérien, elle n’est plus appliquée en vertu d’un moratoire en vigueur depuis 1993.
Né à Tala Athmane, en Kabylie, dans le nord de l’Algérie, l’opposant au régime algérien est un sympathisant du MAK depuis 2007. Il est considéré comme le bras droit de Ferhat Mehenni, président du mouvement accusé par Alger d’avoir des visées « séparatistes » et classé comme organisation terroriste. Aksel Bellabbaci, qui vit en France depuis 2012, n’est plus retourné en Algérie depuis août 2019 : il est accusé par le pouvoir algérien d’avoir commandité les incendies qui ont fait au moins 90 morts et ravagé des milliers d’hectares en août 2021 en Kabylie. Il est également soupçonné d’avoir été « l’instigateur » du lynchage mortel d’un artiste peintre de 38 ans, Djamel Bensmaïl, qui venait aider les habitants à éteindre les flammes et qui a été désigné à tort à la foule comme un pyromane.
« Le combat continue car on ne va pas s’arrêter là », a déclaré hors de la salle d’audience l’opposant algérien. « Les Kabyles sont innocents » des accusations lancées par le régime algérien, a-t-il insisté.