La lettre adressée par l’ambassade américaine à Paris à ses grands fournisseurs français afin de les contraindre à renoncer à toute politique en faveur de la diversité, révélée vendredi 28 mars par Les Echos, a provoqué, à juste titre, un vaste tollé. Patrice Martin, le président du Medef, pointe une dérive « inadmissible ». Le ministère français du commerce extérieur fustige une « ingérence inacceptable ».
Cette tentative d’OPA morale lancée par les Etats-Unis sur les entreprises françaises n’est pas une première. Washington n’a pas attendu Donald Trump pour jouer le shérif du monde, à coups d’embargos ou de lutte contre la corruption. En 2014, BNP Paribas s’était fait épingler pour avoir opéré au Soudan, en Iran et à Cuba malgré les sanctions américaines. La banque avait dû acquitter une amende de 6,5 milliards d’euros, qui avait renfloué les caisses des institutions au pays du dollar.
Ces leçons de probité ont longtemps constitué un excellent business pour les Etats-Unis, d’autant plus que ces derniers pouvaient arguer représenter le camp du bien face aux corrupteurs et aux profiteurs de guerre. Mais, cette fois, l’Oncle Sam se place du mauvais côté de l’histoire, en déclarant illégales les politiques DEI (diversité, équité, inclusion), fondées sur la discrimination positive. Donald Trump défend une vision rétrograde du mérite qu’il veut désormais nous imposer, au même titre que nos multinationales interdisent à leurs fournisseurs le travail des enfants. Pourtant, l’inclusion des minorités relève tout autant d’un impératif éthique que d’efficacité économique, comme l’ont prouvé de nombreuses études.
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