Les élections en cours en Roumanie, comme celles passées en Allemagne et aux Etats-Unis, sont inquiétantes. La liberté de choix des électeurs est altérée par des manipulations diverses. Elles ont émergé outre-Atlantique avant de se répandre en Europe. Les faiblesses des procédures destinées à réguler l’environnement numérique deviennent flagrantes. Peut-on les repérer et restaurer rapidement des conditions d’élections équitables ?
Les réseaux sociaux deviennent le cadre principal du débat public. D’abord aux Etats-Unis, depuis la présidentielle de 2016 qui vit l’accession inattendue de Donald Trump à la Maison Blanche. Et maintenant en Europe. Par contrecoup, les débats télévisés perdent la primauté acquise à la fin du XXe siècle. Lors de la dernière présidentielle américaine, il y eut un seul débat entre Donald Trump et Kamala Harris. En revanche, les entretiens les plus viraux de Trump avec un influenceur ont attiré des dizaines de millions de vues, comme celui avec Joe Rogan – voire un milliard pour sa discussion de deux heures avec Elon Musk.
Elon Musk a assumé encore son intrusion dans les campagnes électorales lors des législatives allemandes, quand, le 9 janvier, il a conversé en ligne avec Alice Weidel, la porte-parole nationaliste du parti Alternative pour l’Allemagne (Alternative für Deutschland, AfD), sans proposer aux autres formations politiques de débattre avec lui. Alors qu’après son entretien avec le futur président américain il avait invité Kamala Harris (qui avait décliné). De l’équité pour les Américains, de l’iniquité pour les Européens.
Phénomène de « polarisation de groupe »
La deuxième inadéquation réside dans la circulation des posts, laquelle est gérée par des algorithmes. En Allemagne, des responsables des partis opposés aux nationalistes ont pu, dans la presse, se dire convaincus que la diffusion de leurs messages et des commentaires associés ont été minorés. Et qu’inversement ceux de l’AfD ont été surexposés. Ce qui est certain, c’est qu’Elon Musk a vanté « la candidate en tête pour diriger l’Allemagne ».
Il vous reste 68.47% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.